Juno, la narratrice, une adolescente de seize ans, vit avec Boy, son frère de douze ans, Père et Mère, sur une petite île au milieu d’un lac perdu dans une forêt suédoise.
Ils habitent une maison dont la cave a été aménagée en bunker où ils pourraient se réfugier au cas où les "intrus" viendraient pour les tuer.
Pour le moment ce n’est jamais arrivé. Des "gardes" les protègent, installés sur la rive du lac.

Il y a des règles très strictes pour la vie de la famille. Il ne faut jamais mentir, ne jamais entrer dans le bureau de Père, se rendre immédiatement dans le bunker quand la sirène retentit, ne pas apprendre à nager et surtout ne jamais quitter l’île sans l’autorisation de Père ou Mère.
Père et Mère ont expliqué que le monde est partagé en deux parties, le Nordland et le Sudland, et qu’ils sont là dans le cadre d’un système de protection des témoins parce que Père a témoigné contre des mafieux.  « Il y a très longtemps votre père a assumé un lourd fardeau en témoignant devant le tribunal. Il a choisi de dire la vérité et fait passer la justice avant le bien-être de notre famille. Grâce au témoignage de votre père, les hommes les plus dangereux du Sudland ont été arrêtés et jetés en prison pour des décennies. C’est pour ça que le reste de leur clan nous cherche dans le monde entier. Heureusement, les gardes du Nordland nous protègent. »

Pendant des années, Juno a accepté et respecté ces règles mais depuis quelque temps la curiosité l’emporte sur la sagesse. Elle aimerait quitter l’île et s’aventurer sur la rive comme le fait Père régulièrement avec la barque pour aller chercher des provisions. Elle a même enfreint certaines règles. Elle a appris à nager toute seule en cachette. Elle a aussi réussi à entrer dans le bureau de Père. « C’était juste pour prendre quelques vieux albums photos et le roman préféré de Mère dans la bibliothèque. Celui avec la jolie femme sur la couverture blottie dans les bras d’un homme aux cheveux bruns. Je venais de m’asseoir au bureau pour lire les premiers chapitres de Juliette ou l’amour de ma vie quand Père a surgi derrière moi. » Elle a été sévèrement punie mais elle ne désespère pas d’y retourner un jour pour prendre le roman et les albums photo…

Un événement va bousculer la vie relativement paisible de la famille sur l’île. Une nuit, un bruit tire Juno de son sommeil. Elle sort discrètement de la maison et aperçoit une silhouette sur l’île au bord du lac. Quand elle s’approche, elle voit que c’est un jeune homme. Il lui sourit, dit s’appeler Luca et, là encore, la curiosité l’emporte sur la peur ou la sagesse. Ils bavardent et Luca lui raconte une tout autre histoire que celle qu’elle entend depuis sa petite enfance.

Juno est totalement déstabilisée. Quelqu’un lui ment mais qui ? Père et Mère ou Lucas ?
Un certain nombre d’indices, de très vagues souvenirs d’enfance de Juno semblent corroborer la version de Luca… Plus elle doute, plus elle veut comprendre, et plus elle cherche plus cela inquiète Père et Mère.

Le suspense grandit, les rebondissements se multiplient, le rythme s’accélère. L’auteur maîtrise à merveille sa narration et le lecteur se demande en tournant les pages comment tout cela va bien pouvoir se terminer. Ivar Leon Menger est scénariste et réalisateur ; Les enfants du lac est son premier roman mais les droits d’adaptation ont déjà été cédés pour un projet de film. Pas étonnant !

Serge Cabrol 
(05/10/23)