Cet album commence sagement. Mamita va chercher sa petite-fille Yvette à l’école. Sur le chemin, Yvette ramasse des morceaux de bois en forme de Y comme dans Yvette. Alors Mamita raconte à Yvette les histoires de ses amis collectionneurs ; Luigi et ses cailloux, Amir et ses poissons, Alfred et ses pingouins, Pierre et Pierraille et leurs Pères Noël et nains de jardin, Sacha et ses objets luminescents car il a peur du noir. Mais attention, toutes ses présentations doivent être soigneusement déclamées en vers avec rimes, s’il vous plait !
Car, comme le dit Mamita à Papito : « Tu ne mets pas de poésie dans tes histoires, elles sont plates et sans saveur comme du pain sec sans beurre ! Écoute bien et prends-en de la graine. » Et Mamita de déclamer :
« Qu’elle soit ondulée, frisée, bouclée ou au carré,
rien n’est plus beau pour Papito qu’une coupe bien ciselée.
Hélas, le temps l’a dépouillé très vite du moindre cheveu,
laissant son crâne nu et son cœur bien malheureux.
Privé de sa chevelure, il s’est tourné vers une nouvelle passion…
plus besoin d’attendre qu’elle pousse grâce à  sa belle collection ! »

Ce lien poétique entre l’enfance, la création et les collectionneurs est ici magnifiquement exposé.
La poésie touche les enfants bien plus longtemps qu’on ne le croit, j’en fais l’expérience avec mes petites-filles qui créent des jeux de piste poétiques qui les amènent à observer leur environnement avec un regard neuf et émerveillé. Cet album devrait faire mouche, d’autant que l’illustratrice, Lisbeth Renardy s’est amusée à placer dans ses dessins des milliers de détails amusants pour créer des images fourmillantes et colorées. Elle utilise selon les albums, crayon, encre de Chine ou acrylique.

Un joli aphorisme d’Umberto Eco en début d’ouvrage devrait nous inspirer :
« Le vrai collectionneur est davantage intéressé par la quête que par la possession. »

Nadine Dutier 
(28/06/23)