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Lucie LINDEMANN


Ma famille, mon voisin loufoque et moi


Entre ses parents qui se disputent sans arrêt et sa grande sœur qui enchaîne les chagrins d’amour, la vie de Jeanne, quatorze ans, n’est pas toujours des plus joyeuses. Mais la jeune fille a de la ressource et elle va trouver les moyens de surmonter la morosité ambiante. Un carnet, un voisin loufoque, un garçon de son collège… Il se passe beaucoup de choses au fil des cinquante-deux chapitres du livre, le rythme est soutenu, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer…

La situation agitée des premiers chapitres va se calmer avec le départ de la grande sœur Sarah qui quitte l’appartement (à 24 ans, c’est plutôt normal) pour vivre seule dans une chambre de bonne et du père qui va s’installer chez une nouvelle compagne. Jeanne se retrouve seule avec sa mère.

Pour soutenir son optimisme naturel, elle prend une grande décision : « je vais tenir un "carnet des petits bonheurs", ou "carnet des trois kiffs", comme dirait tatie Monique. Un truc très en vogue depuis quelques années, qui fait partie de tous ces machins de développement personnel conseillés par ma chère tantine. […] En gros, tous les soirs, avant de dormir, il faut noter trois petites choses qui nous ont plu dans la journée et qui sont censées nous rappeler à quel point la vie est belle, riche, exceptionnelle, vaut la peine d'être vécue, carpe diem et tout le tralala… »
Pendant tout le roman, qui se déroule sur une année scolaire, Jeanne reste fidèle à son carnet, ce qui permet au lecteur de connaître ses petits bonheurs du jour qu’elle exprime souvent avec humour.

Une rencontre extraordinaire va bouleverser la vie tranquille de Jeanne et offrir une échappatoire à sa morosité. Le 18 décembre, elle rentre du collège et se retrouve bloquée sur le palier : pas moyen de retrouver ses clés, ni dans ses poches ni dans son sac, et sa mère ne doit pas rentrer avant au moins une heure. C’est alors que s’ouvre la porte de l’appartement voisin. La vieille dame qui y habitait « a été remplacée par un grand et charmant quinquagénaire grisonnant, arborant un tablier noir très classe et armé d’un rouleau à pâtisserie qu’il tient fièrement près de son visage.
– Bah alors, ma poulette, faut pas se faire de bile comme ça. Qué pasa ? me lance-t-il avec un sourire jusqu’aux oreilles. »

Une entrée en matière très cavalière qui donne une idée de la nature du lien qui va s’établir entre eux. André est steward, plein d’humour et d’une gentillesse à toute épreuve avec un langage direct et fleuri. Avec discrétion, l’autrice nous fait comprendre qu’il est homosexuel et que la relation avec Jeanne sera purement amicale. Il n’y aura jamais d’ambiguïté entre eux.
« – En tout cas, votre décoration est… originale. Tous ces souvenirs, là... vous avez l'air de beaucoup voyager.
– Oh là, ma poulette, tu vas cesser de me vouvoyer illico presto ! Je suis pas encore un vieux schnock. Et, oui, je voyage beaucoup, je suis hôtesse de l'air ! me lance-t-il en riant.
– Ah, c'est chouette comme métier. Mais on dit pas steward pour un homme ?
– Ben, moi, je préfère hôtesse de l'air, on dit bien "sage-femme" pour les hommes, non ? Pour une fois que c'est dans ce sens-là... »

Grâce à André, la vie de Jeanne va devenir beaucoup plus animée. Le Noël sera épique et désopilant malgré (ou grâce à) une terrible tempête. Plus tard, un voyage en Alsace sera très émouvant.

Mais il n’y a pas qu’André dans la vie de Jeanne.
Un jour, sa meilleure amie, Axelle, lui fait remarquer qu’un garçon ne cesse de la regarder. Jeanne ne s’en était pas aperçue.
« Mais, si ce qu'elle a dit est vrai, ce n'est pas pour me déplaire, car Ambroise m'a tapé dans l'œil dès la rentrée et, en plus d'être particulièrement mignon, il a l'air drôlement moins crétin que tous les autres garçons de ma classe. »
Une scène encore très loufoque va favoriser leur rencontrer et le début d’une belle idylle.

Il y a bien d’autres surprises, événements et rebondissements dans ce roman où les lecteurs n’ont pas le temps de s’ennuyer et s’amusent beaucoup. Il aborde aussi plusieurs sujets importants avec une grande délicatesse, beaucoup d’humour et de bienveillance. Une lecture à la fois drôle et intelligente à partir d’une douzaine d’années.

Serge Cabrol 
(16/08/23)    



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Jeunesse






Lucie LINDEMANN, Ma famille, mon voisin loufoque et moi
Amaterra

(Mai 2023)
276 pages - 14,90 €













Lucie Lindemann,
bibliothécaire en Alsace, signe ici son premier roman.