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Hervé HUGUEN


Le testament de Quiberon


Le commissaire Nazer Baron, un personnage récurrent d’Hervé Huguen, à la demande de la procureure Roselyne Veron de Kermarec, fouine officieusement à propos de la disparition d’un certain Mathias Montbrun dont l’épouse, amie de la procureure, s’inquiète de ne plus avoir de nouvelle depuis plusieurs jours, ce qui est inhabituel, même si leur vie de couple est atypique. Lui, chercheur dans un laboratoire pharmaceutique, vivant une partie de la semaine éloigné de son domicile pour des raisons professionnelles. Elle, exerçant dans son cabinet de podologie dans le village proche de leur habitation. A-t-il déserté le foyer conjugal ? Question spontanée pour démarrer le livre d’Hervé Huguen, Le testament de Quiberon.

 Le capitaine de gendarmerie Aurélien Ménard est appelé à la suite de la découverte d’un corps dont l’identité est inconnue. Le corps ne semble pas être celui d’un SDF. Le cadavre gît depuis quatre à cinq jours, selon le légiste, à l’écart d’un sentier, à moitié couvert par le sable. « Quatre à cinq jours… réfléchit Aurélien Ménard. Il doit bien manquer à quelqu’un… ».

Quand le commissaire Baron et le capitaine Ménard se rencontrent dans le bureau de la procureure, ils savent avoir affaire au même homme, Mathias Montbrun. Dès lors, un fil fragile paraît et demande une manipulation délicate afin de soutirer les informations, trop cohérentes, émanant de l’entourage de Mathias. Un fil cassant souvent. Les uns et les autres racontent et bornent les faits à l’aune d’une focale personnelle. Avec quelques oublis par-ci, par-là, ils créent des nœuds gênant la compréhension de l’affaire. Ces petites béances excitent la ténacité de l’équipe d’enquêteurs. Pas de guerre des polices mais une collaboration efficace cherchant la cause du décès de l’excellent, mais tout de même mystérieux, Mathias Montbrun. En fait, en remontant le cours de sa vie, une autre affaire surgit. Celle de la disparition de la mère de Mathias, veuve et remariée, un soir de fête célébrant l’obtention du bac du demi-frère. Un mystère non résolu et remontant trente ans en arrière. Mathias, à l’occasion, a été un temps soupçonné de la disparition de sa mère. Antoine Coriot, le demi-frère, l’un des derniers à avoir vu Mathias, et présentement moine bénédictin dans l’Abbaye de Sainte Cécile, témoigne en arguant du secret confessionnel.

Hervé Huguen dresse subrepticement mais efficacement le portrait de tous les protagonistes ayant gravité autour de Mathias. La collection de portraits sobres et variés, pleins de sincérité, est rendue par les soins d’une écriture sans fioriture. Le rôle de chacun des personnages, distribué adroitement, donne de l’authenticité à la narration. La vraisemblance des personnages ainsi engendrée emporte l’empathie à leur égard et les disculpe. Il semble que l’enquête piétine à cause des cachoteries. Mais, chaque interrogatoire se déroulant calmement fait progresser l’enquête, sans à-coup, avec discernement. L’attention du lecteur ne faiblit pas grâce à ces touches nuancées, au contraire. Tout le savoir-faire de l’auteur repose probablement sur un passé professionnel d’avocat. Il distille petit à petit, sans digression inutile, les faits énigmatiques. Il crée un climat loin d’être aussi rayonnant qu’un coucher de soleil en Bretagne, usant d’un camaïeu de gris allant vers les tons les plus clairs, savamment dosés, pour démêler l’histoire. Il distribue remarquablement et discrètement la place des enquêteurs en accordant l’attention au travail d’équipe. Une façon de ménager la bonhommie expérimentée du commissaire Nazer Baron et le rendre plus efficace. Le testament de Quiberon de Hervé Huguen, tout simplement un excellent polar ! 

Michel Martinelli 
(27/10/23)    



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Noir & polar







Hervé HUGUEN, Le testament de Quiberon
Palémon

(Septembre 2023)
216 pages - 10 €








Hervé Huguen,
Nantais né en 1954,
avocat de profession,
a créé le commissaire
Nazer Baron en 2009
(24 titres parus) .





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