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HJORTH & ROSENFELDT


Ce qu’on a semé


Dans ce nouveau volume des enquêtes de Sebastian Bergman, nous trouvons la police suédoise confrontée à une série de crimes déconcertante. Déjà trois victimes abattues en huit jours et toujours d’une balle dans la tempe tirée à distance, en extérieur, dans une petite ville de province, Karlshamn. Pas d’indices, pas de douilles, pas d’empreintes. Certainement le travail d’un tireur d’élite. Aucun lien apparent entre les victimes. La population panique. Qui sera le prochain ? Le lecteur, lui, le sait, parce que dès les premières pages, il peut lire une liste de dix noms dont les trois premiers sont rayés. Qui a écrit cette liste ? Qui sont ces dix personnes ? Mystère et suspense…

La police locale a fait appel à la Criminelle et c’est la brigade dirigé maintenant par Vanja qui est chargé de l’enquête. Depuis la dernière affaire (voir Justice divine) trois ans plus tôt, des choses ont changé. Torkel, l’ancien chef de groupe, a été mis à la retraire et passe ses journées à noyer son amertume dans l’alcool. Sebastian Bergmann, le consultant criminologue, profileur de génie, a aussi été écarté et pratique comme psychologue à son domicile. Et c’est donc à Vanja qu’on a confié la direction du groupe, une lourde responsabilité, surtout pour la mère d’une petite Amanda qui a bientôt trois ans. 

Les auteurs, accoutumés à l’écriture de séries, savent maintenir l’intérêt du lecteur en alternant les chapitres consacrés à divers personnages, au sein de l’enquête ou en parallèle.
On suit ainsi Julia qui participe à une soirée d’anciens élèves du lycée et qui en a conservé de mauvais souvenirs mais ne trouve pas la force de les exprimer publiquement. L’ancienne hiérarchie, des années après, est toujours la même, les intellos, les populaires, les souffre-douleur, les harceleurs. Notamment Macke, le pire de tous. « Il n’avait pas changé. Un peu plus gras, son ventre tendait sa chemise à gros motifs sous sa veste mal taillée. […] Les mêmes yeux bleus qui n’avaient jamais exprimé la moindre chaleur ou gentillesse. » Mais quel lien cela peut-il avoir avec l’enquête ?
On voit Sebastian, confronté à un patient qui évoque le tsunami de 2004 où le psychologue a perdu sa femme et sa fille, ce qui l’entraîne dans des cauchemars récurrents.
On retrouve Billy, toujours membre de la brigade criminelle, dont le lecteur sait qu’il a assassiné une de ses collègues et voudrait échapper à ses démons. Marié et bientôt père, il pense avoir tourné la page mais de temps à autres le serpent qui sommeille en lui se réveille er demande un nouveau meurtre. Criminel et enquêteur, il est toujours sur le fil du rasoir.

Au fil des chapitres, le lecteur suit en alternance les uns et les autres dans une course contre la montre pleine de rebondissements, au fur et à mesure des noms rayés sur la liste.
Vanja se décide à faire appel à Sebastian et Torkel. Difficile de mener sans eux une enquête aussi complexe, avec une absence de mobile et l’impression de poursuivre une ombre ou un fantôme.

Encore un épisode passionnant dans une série aux personnages complexes, perturbés, malmenés, pas toujours sympathiques voire complétement tordus, qu’il s’agisse des criminels ou des enquêteurs. Personne n’est clair et lumineux, ce sont plutôt les sombres facettes de la nature humaine qui constituent le fil conducteur de ces romans noirs et bien sûr, le lecteur, devenu addict, en redemande. À suivre…

Serge Cabrol 
(31/08/21)    



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Noir & polar







HJORTH & ROSENFELDT, Ce qu’on a semé
Actes Sud

Collection Actes Noirs
(Août 2023)
448 pages - 23 €


Traduit du suédois par
Rémi CASSAIGNE





Michael Hjorth,
né en Suède en 1963, producteur, réalisateur, scénariste et romancier.



Hans Rosenfeldt,
né en Suède en 1964, scénariste et romancier,
a créé la série télévisée Bron (Le pont).




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leur précédent roman :
Justice divine