Un magnifique album qui nous emmène, nous lecteurs, avec Yoshio, le petit garçon de l’histoire, à la recherche du concept japonais, le ma, le vide, l’espace, le silence qui relient toute chose, deux sons, deux instants, deux objets, deux lieux. Ça a l’air compliqué dit comme ça, mais c’est limpide, très simple, très beau et universel.

Yoshio sort de sa maison et comme le lecteur, est happé par le bruit de la foule, de la circulation, du concert de la ville de Tokyo. On « entend » en fond la rumeur énorme de la cité et tout proches les splashs des bottes de l’enfant dans les flaques d’eau et les pofs, pofs des gouttes de pluie sur son parapluie. Tout à coup, Yoshio entend le koto, sorte de grande cithare, qu’une musicienne installée sous le porche d’un temple est en train d’accorder.
À la question de Yoshio sur le son qu’elle préfère, la musicienne va répondre par ce qui semble à l’enfant une énigme : « Le son le plus beau est le ma, le son du silence. »

Voilà Yoshio, tel Tintin, les illustrations font penser à Hergé, parti à la recherche de ce merveilleux son et nous, lecteurs, nous l’accompagnons dans sa quête et découvrons émerveillés, pris dans un flot visuel et paradoxalement sonore, les grandes planches colorées qui nous montrent le quotidien de sa vie, le tumulte de Tokyo, le doux chocs des bambous qui longent la cour de son école, les lignes bruyantes et aérodynamiques du métro, le calme de la maison de Yoshio rempli de petits bruits, les baguettes du repas pris à genoux autour des bols sur la table basse, les gouttes de sueur qui tombent dans l’eau de la cuve ronde du bain, le son lointain d’une radio dans une chambre aux  cloisons  de papier où l’on s’endort sur des futons…

Un album si accompli qu’il arrive à nous faire entendre les bruits qu’il décrit et nous encourage à mieux écouter la musique de la vie et le son du silence.

Sylvie Lansade 
(04/12/23)