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Myriam GALLOT


Le plus vieux métier du monde


Le narrateur du « plus vieux métier du monde » est un adolescent du genre taiseux.
Son histoire est banale. Comme il n’a pas le niveau pour passer son bac, il est orienté en formation d’apprenti boucher en alternance. Que la chair le dégoûte importe peu, on ne lui demande pas son avis. Et d’ailleurs, son avis, il ne le donne pas. On l’a tellement habitué à penser pour lui, ils ont peut-être raison finalement. Il est grand et fort, il pourra porter des carcasses et les bouchers gagnent bien leur vie. Lui aurait préféré bosser dans l’informatique mais il faut au moins le bac.  Il a la conviction d’être un raté. « Voilà ce que m’ont appris des années d’éducation : le mépris de moi-même. »

La première fois qu’il entre dans la chambre froide avec toutes ces carcasses pendues, c’est le choc. « Première fois que je vois un cadavre. J’ai l’impression d’en être un bientôt aussi. »  Il doit porter les carcasses du camion à la chambre froide. Il doit enlacer un cochon « avec ses petites pattes droites et sa grosse tête renversée pour le suspendre au croc du chariot. […] tout ce que m’inspire ce cochon mort c’est du dégoût. Du vrai. De l’intense. Du genre envie de gerber, de se frictionner au gel hydroalcoolique des pieds à la tête… »
Cette immersion dans le monde professionnel où tout est nouveau lui donne bien des surprises. Les situations sont souvent drôles. Sa visite à l’étable alors qu’il a peur des vaches est cocasse.

Le narrateur définit ses difficultés avec lucidité. « Avant j’avais des copains. Avant je riais. J’ai assez d’expérience pour percevoir que certains trucs changeront pas. […] À dix-sept ans, je me sens déjà vieux. » On comprend que personne n’a jamais aidé ce garçon, ni sa famille, ni l’école.

Le lecteur adolescent qui lira cette histoire se reconnaîtra peut-être mais il apprendra aussi à rire de lui-même et des situations qui semblaient tragiques mais qui sont traitées avec humour. L’histoire se termine sur un espoir, celui de trouver un lieu où il est écouté, compris et valorisé.

Nadine Dutier 
(05/06/23)    



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Jeunesse






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