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Frédérique ELBAZ


Le presque chien
Ni dieu ni laisse


Le narrateur de ce roman d’une centaine de pages est un chien, un petit chien intelligent, curieux et courageux, un petit chien qui comprend la langue des humains et ne manque pas d’humour. C’est lui que nous allons suivre au fil de ce livre qui aborde avec délicatesse des thèmes aussi sérieux que l’abandon, la misère, la folie ou le souvenir de la Shoah mais aussi la solidarité, la bonté et la générosité.

Ce petit chien est endormi sous un banc sans aucun souvenir de sa vie antérieure. Marthe, une dame âgée qui a l’habitude de se promener dans ce parc, s’étonne de le voir là, abandonné, et décide de l’emmener chez elle. Le chien a trop envie de trouver une nouvelle maison pour refuser une telle offre. Nous constatons vite qu’il a une très haute opinion de lui-même :
« Je lui ai tapé dans l’œil. Je vois bien qu’elle me trouve beau. Ce qui est vrai : j’ai le poil brun et soyeux, la cuisse souple, le regard vif. En un mot, je suis irrésistible. »

Marthe décide de l’appeler Bernard (parce qu’on est le 20 août et que c’est la Saint-Bernard), elle lui installe un coin confortable et le laisse manger à table avec elle. Les jours s’écoulent, paisibles.

Mais Bernard, intelligent et curieux, est étonné par certaines habitudes ou réactions de Marthe. Quand elle lui achète un collier, une laisse et une médaille, elle a un mouvement de recul quand le marchand propose une étoile dorée. « Et puis il y a le vendredi, le fameux jour où nous dînons à la lumière d’une bougie qu’elle allume dans la pièce qui est fermée le reste de la semaine. Installés autour de la grande table aux chaises vides, nous dînons dans de belles assiettes avec d’étranges inscriptions au dos, impossibles à déchiffrer. Pourquoi toutes ces chaises alors que nous ne recevons jamais personne. Je me dis que les invités ont dû perdre son adresse. »
Et cette langue qu’il ne comprend pas et qu’elle utilise parfois, les yeux fermés. « On dirait qu’elle s’adresse à des gens qui ne sont pas là. » « C’est la langue que parlaient les miens, précise-t-elle devant mon regard interrogateur. » Bernard finira par comprendre tout ce qui lui échappe, et le lecteur aussi.

Au fil des chapitres, les aventures se succèdent à un rythme soutenu. Bernard va rencontrer une bande de chiens abandonnés, les « ni dieu ni laisse ».  Ce sont eux qui l’ayant croisé avec laisse et collier l’affublent d’un nouveau nom. « Si tu crois qu’avoir quatre pattes, un museau et trois poils qui se battent en duel ça suffit pour être un chien, mais mon pauvre clébard du dimanche t’es dans le flou ! T’es presque un chien et, si tu choisis pas ton camp, t’es presque pas un chien conclut Ché. D’ailleurs ici, tu seras plus Bernard. Bernard t’oublies, tu t’appelleras Presque. »
D’où le titre du livre…

Bernard va aussi connaître les murs de la fourrière et Marthe ceux de l’hôpital psychiatrique mais l’intelligence et la solidarité vont venir à bout de toutes les épreuves.

Frédérique Elbaz nous offre un livre drôle et émouvant et les illustrations de Pierre Prat accompagnent parfaitement le propos tant pour l’humour que pour l’émotion. Une lecture à conseiller et un joli cadeau pour les jeunes lecteurs à partir de neuf ans.

Serge Cabrol 
(28/08/23)    



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Jeunesse








Frédérique ELBAZ, Le presque chien
D'eux

(Août 2023)
100 pages - 16 €








Texte
Frédérique Elbaz


Illustrations
Pierre Prat