Si l’on veut apprécier Le Corps de l’écrivain il faut accepter de suivre Constance Courson dans son errance sans se poser plus de questions qu’elle, qui sait seulement qu’elle deviendra écrivaine et que pour cela elle doit fuir au plus vite l’étroitesse de son milieu d’origine.
Il faut se laisser porter par ses phrases longues et tortueuses qui charrient tout l’ennui de l’enfance, la méchanceté des camarades, l’envie d’ailleurs et d’autre chose. Et tant pis si sur ce chemin on ne trouve pas que du beau, la narratrice est prête à tout pour suivre les pas de Kerouac en Bretagne, pour trouver sa voix : « du moins voulais-je me voir ainsi, incapable de me soustraire à la littérature – laquelle ne m’avait en fait jamais quitté vraiment, admettais-je en renfonçant dans mon sac à dos des carnets de notes tout neufs – et répondant, lorsqu’on me demandait où j’allais, que je me rendais en Bretagne pour y refaire le trajet de l’écrivain américain Jack Kerouac, quand celui-ci s’était rendu à Brest en 1965, sur les traces de son ancêtre breton. »