Goûter le vin ensemble
presque rien juste
un peu de bleu au ciel dans la fenêtre

de lumière dans tes yeux
éclairant la pénombre des miens
de joie prises aux gestes simples

qui aussi devront devenir musique
un peu de silence à retrouver
de désir à déposer sur tes lèvres

de larmes à nouer
de sourires à délier
un peu d’air à humer avant  de refermer l’instant

                         Paris (printemps 2021) 

            Éric Chassefière abandonne la prose pour le vers, des quatrains, la plupart du temps, et des tercets, mais c’est toujours Sentir L’Immédiat de vivre, ressentir pleinement l’instant. Les lieux diffèrent, Paris, Nantes, il y a la Présence de l’enfant, du soir, des mots musicaux, de la lumière ou de l’absence. Je dirai que même si l’écriture change, prend des formes diverses, il y a toujours un temps où l’on ressent qu’il s’agit de transcrire l’âme d’un moment fragile parce que fugace.
            Dans ce recueil plusieurs parties :  Présence de l’enfant, Nantes 22

Rêver doucement les mots
comme  l’enfant s’endort
dans l’ivresse des syllabes
entre deux souffles jumeaux…

Faire parler son âme, Nantes 21

Il les entend parler
Lui ne parle pas
Cherche sa voix intérieure
Voudrait faire parler son âme
Ce silence qui est en lui
Immensité de son corps essaimé
Il ne sait l’exprimer que par la trace
Le peu d’une plume d’oiseau au gris de l’ardoise

Le miracle du soir, Nantes 22

La main rêve,
Se parler de loin dans les mots
Dans le désir des mots…
La main rêve.Paris 21-22,
La voix embrasse Paris 21-22,

La présence silencieuse du jardin
les lampes brûlant tout le jour
le mur qui fait le tour
…
mots et silences parlent
on entend  une mouette
moi je t’entends rêver

Ou encore

Silence d’un chemin
du jour qui est nuit
du noir d’une rose…

et Masques Paris 21-22.

            Adossé à la nuit, dans les souffles jumeaux, dans le silence de l’absence ou du jardin, dans le désir des mots et les sens de l’instant, le poète laisse parler son âme.

Michel Lansade 
(14/04/23)