Avec plusieurs morts et beaucoup de suspense, l’auteur nous entraîne dans une aventure pleine de surprises et de rebondissements où des personnages accablés par le chagrin et la colère vont se trouver face à la collusion entre le grand banditisme et des laboratoires sans états d’âmes, prêts à tout pour tester les effets thérapeutiques de leurs nouveaux médicaments.

Dès les premières pages, nous rencontrons le lieutenant Jérôme Cazenave. Son problème, c’est qu’il ne se souvient même plus avoir été policier. Il pense sortir très abîmé d’un accident de voiture et tombe des nues lorsqu’on lui apprend que son coma est dû à un passage à tabac dans l’établissement pénitentiaire où il purge une peine de prison pour le meurtre de Céline, sa femme.
Jérôme Cazenave a le sentiment de nager en plein délire. Qui est-il vraiment ? Comment est-il arrivé là ? Qu’est-il arrivé à sa femme ?  L’a-t-il vraiment tuée ? Pourquoi l’a-t-on passé à tabac en prison ? Ce sont toutes ces questions qui lui tournent dans la tête.
Son avocat lui fait rencontrer Sylvia, une psychologue qui a participé avec lui à l’enquête qu’il menait deux ans plus tôt, avant d’avoir été accusé du meurtre de sa femme. Il ne la reconnaît pas, ne se souvient de rien.

L’auteur nous ramène alors en 2019, lorsque le lieutenant de police travaillait au commissariat de Nîmes. Une psychologue venue de Lille a été embauchée par le capitaine « pour qu'elle intervienne sporadiquement en tant que consultante et dynamise le groupe. Jérôme avait accueilli la nouvelle avec un scepticisme partagé par nombre de ses collègues. Aussi brillante et expérimentée soit-elle, qu'est-ce qu'une fichue psy pouvait bien leur apporter ? Dans une région qu'elle connaissait à peine, de surcroît ? Quelques semaines avaient suffi pour qu'il reconnaisse que Bénezet ne s'était pas trompé. »
Le lecteur, lui, découvre rapidement que Sylvia est une sacrée manipulatrice ! En réalité, la psychologue débarquée de Lille a su user de ses charmes auprès du capitaine (marié et père de famille) pour le manipuler et obtenir ce statut de consultante. Mais quel est son but en s’infiltrant dans ce commissariat ? Ça, on ne le saura que bien plus tard…
Jérôme se sent en confiance avec elle et n’hésite pas à évoquer ses problèmes personnels. « Ma femme est atteinte de la maladie de Crohn. Les symptômes sont très pénibles à vivre au quotidien. Sans entrer dans les détails, ça complique son travail d’instit’ et ça l’empêche d’avoir une vie sociale et de couple épanouie. Un essai clinique laissait présager des résultats inespérés. La seule chose qu’elle a récoltée en suivant le protocole, c'est un AVC. C'était il y a trois ans, et elle ne retrouvera jamais tout à fait sa vie d'avant qui n'était déjà pas franchement idyllique. »
Sylvia propose d’intervenir à titre amical pour compléter les rééducations déjà en place. Jérôme en parle à Céline qui accepte sans enthousiasme mais est vite convaincue de l’efficacité de l’aide que la psy lui apporte. Et voilà Sylvia au cœur de la famille Cazenave.

Avec la troisième partie, retour à 2021, Jérôme est en prison depuis deux ans, mais suite à l’agression qui l’a plongé dans le coma et à un nouveau témoignage, il obtient une suspension de peine et peut reprendre son enquête. Malheureusement, l’agression l’a rendu amnésique et ce n’est pas un avantage pour mener une enquête. Il va néanmoins s’y employer corps et âme pour retrouver sa fille et comprendre comment et pourquoi est morte sa femme.
Il va pouvoir à nouveau compter sur l’aide de Sylvia même s’il ne sait plus qui elle est, ni quel rôle exact elle a joué deux ans plus tôt…

L’auteur construit un roman original et crée un suspense étonnant, plein de mystère et de rebondissements, avec un jeu ambigu entre Jérôme et Sylvia. On avance parfois dans les ténèbres mais on avance et toutes les surprises trouvent leur explication et leur logique. Un polar qui pourrait donner un bon film, voire une série. Un auteur à suivre…

Serge Cabrol 
(19/06/23)