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Voyage en Atacama
Quand l’homme de sciences se fait poète, il nous offre les clés de compréhension des phénomènes qui échappent au regard profane, il emmène le lecteur dans l’immensité des paysages, il partage son savoir cosmique. Car c’est bien de cosmos dont il est question à travers la recherche de météorites dans le désert d’Atacama dont l’aridité du sol et du climat permet la conservation mieux que dans aucune autre région du monde. « …là où les pierres tombées du ciel demeurent, sans que le temps qui passe ne les enlève à notre désir. » Sous sa plume, le désert devient un organisme vivant. Le salpêtre, « dissimulé sous la terre comme l’écume d’une mer secrète […] a assuré la fortune des impérialistes accourus du bout du monde retourner la chair du désert. » Ce salpêtre, généralement caché sous la surface du désert, affleure à proximité des mines abandonnées, « exposé comme un viscère qu’une lame aurait arraché », « les mines, implacables béances ouvertes dans la Terre par l’avidité des hommes. » Pendant la dictature de Pinochet, on se souvient que les militaires faisaient disparaître les corps des opposants dans le désert d’Atacama. « …leurs os ont été broyés, réduits en poussière […] pour satisfaire au plus fervent désir des bourreaux : anéantir leurs victimes, c’est-à-dire littéralement les réduire à néant. » Les dessins de Frédéric Pajak dialoguent avec le texte de façon discrète et sensible. On y retrouve le silence du désert, la lumière du soleil par les noirs et les blancs très tranchés qui écrasent toute vie, tout relief. Nadine Dutier (13/04/22) |
Sommaire Lectures Gallimard Le sentiment géographique (Février 2022) 128 pages - 14,50 € Dessins de Frédéric PAJAK
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