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Nous sommes en 2032 et l’état du pays s’est bien dégradé au fil des années comme on le voit peu à peu au fil du roman avec des RER imprévisibles, une alimentation réduite aux rutabagas ou topinambours et autres retours en arrière après une ère de progrès économique et social. Dans le domaine des conditions de travail, Augustin se souvient « que les quarante-huit heures hebdomadaires, la retraite à soixante-dix ans, le rétablissement du droit de blâme physique pour les managers n'avaient pas contenté tout le monde. Mais cela demeurait très doux, ce n'étaient que des mesures timides en comparaison des réformes structurelles qui vinrent ensuite lors du premier quinquennat de Muriel Pénicaud, au cours duquel je devais bien reconnaître au représentant syndical qu'on en avait pris plein la gueule. » On comprend qu’Augustin soit très étonné lorsqu’à la première page du roman Ludwig Wittgenstein sonne à sa porte et lui demande un verre de lait. Il le fait entrer sans savoir que débute alors une aventure extraordinaire qui va bouleverser sa vie et celles de beaucoup d’autres. Très fier de sa rencontre, il décide de se rendre à la BnF où est organisée une rétrospective Ludwig Wittgenstein en présence de tous les spécialistes du philosophe. La BnF a un peu souffert ces derniers temps. « Il s'agissait d'une bibliothèque au bord de la Seine, un très grand édifice carré en bois avec, sur trois de ses coins, trois tours vitrées. Sur le quatrième coin, un cratère d'où sortaient parfois des panaches d'amiante et de débris, avec des barrières rouillées autour. […] Seules deux des trois tours encore debout étaient ouvertes au public, la troisième avait fermé quelques années plus tôt pour des raisons assez vagues liées à la vétusté, aux rats et au manque d'argent. » D’autres objets et d’autres personnes vont disparaître. Cela donne lieu à une suite de scènes aussi cocasses qu’épouvantables et le roman glisse vers le polar quand un inspecteur de police s’intéresse à Augustin, le rencontre plusieurs fois et vient enquêter jusque chez lui. Il faut beaucoup de disparitions avant que le gentil Augustin comprenne que Ludwig est revenu pour dévorer le monde. Mais alors que faire ? Comment l’en empêcher ? Peut-on se débarrasser de Ludwig ? Avec ce narrateur tendre et peu clairvoyant face à un philosophe qu’il est si heureux de rencontrer, dans un univers en voie de destruction et au milieu d’événements épouvantables, on navigue entre le rire et l’inquiétude avec, en guise d’atmosphère et de décor, l’effondrement industriel et social, la dégradation de la planète, la disparition de nombreuses espèces et à terme celle de l‘humanité. Tout cela est-il aussi inéluctable que l’appétit de Ludwig ? Serge Cabrol (15/12/22) |
Sommaire Lectures Gallimard Collection Sygne (Octobre 2022) 224 pages - 19 € Version numérique 13,99 €
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