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Jean-Marc PERRET


Les diaboliques de Saint-Goustan


Un notaire, un colonel et un prêtre qui complotent ; un lieutenant de gendarmerie et un détective privé qui enquêtent ; plusieurs femmes qui interviennent au fil de l’histoire de façon plus ou moins volontaire, à leurs risques et périls. Ce ne sont pas les personnages ni les rebondissements qui manquent dans ce roman plein de suspense qui se déroule dans le Morbihan, entre Auray et Locmariaquer.

Dès le prologue, une jeune femme est victime d’un accident motel, renversée par une voiture sur une route forestière. Mais pourquoi a-t-elle jailli ainsi de la forêt, en pleine nuit ? D’où venait-elle ? Par qui était-elle poursuivie ?

Pour le savoir, il faut remonter dans le temps et le premier chapitre nous ramène quinze jours plus tôt, le jeudi 14 novembre.
Ce jour-là vers dix-neuf heures, maître Jean-Pol Forquet, notaire à Auray, attend un visiteur, dans son bureau, avec beaucoup d’impatience.
Dans un fauteuil, le Père Gildas Tersiquel lorgne vers le meuble où est rangée la bouteille de whisky mais il ne peut pas se permettre de demander. Alors, lui aussi attend. « Les convictions intégristes du Père Tersiquel lui avaient valu d'être privé de paroisse par l'évêché, cinq ans auparavant. Depuis, pour célébrer la messe dominicale, messe non una cum, où le nom du pape n'était pas cité en signe d'insoumission à Rome, le Père avait trouvé refuge dans un hangar réaménagé en chapelle. Le notaire s'était rendu compte du succès grandissant des célébrations en latin du Père Tersiquel et de ses sermons vigoureux qui appelaient à 1a résistance contre la décadente politique familiale. Il avait alors pris contact avec l'ecclésiastique. Celui-ci pouvait apporter une caution religieuse utile à son mouvement. »
Enfin arrive le colonel Müller, énergique, bien déterminé à mettre fin au laisser-aller général, à créer « un électrochoc pour le pays, et d'abord pour la Bretagne ! » et c’est justement pour cette noble cause que le notaire l’a contacté et associé à son mouvement.
Maître Forquet livre aujourd’hui une information capitale.
« — Sous couvert des différents mouvements de rue, nos militants sont devenus experts pour créer le chaos. Il nous faut passer à une étape supplémentaire, franchir un saut... qualitatif. […]
Le ministre de l'Intérieur sera en visite officielle à Vannes, le mois prochain.
À son tour, le colonel Henri Müller sourit et fit mine d'épauler un fusil. Le Père Tersiquel, faciès cramoisi, écarquilla des yeux effarés. »
Voilà, le compte à rebours est enclenché et le roman va se dérouler sur un mois, une course contre la montre où de nombreux obstacles vont se dresser, parfois involontairement, sur la route des factieux qui devront les éliminer sous peine de l’être eux-mêmes.

Au matin du 18 novembre, l’adjudant Kerlo découvre sur l’ordinateur de la gendarmerie un e-mail surprenant : « Une satanée Trinité : Jean-Pol Forquet, notaire de son état, le colonel Henri Müller, et un curé, le Père Gildas Tersiquel ! Le monde des affaires s'allie au sabre et au goupillon pour foutre le bordel. Ces trois-là préparent un mauvais coup, du grave, et ne reculeront devant rien. Ça risque de saigner. Alors à votre place, je suivrais ce trio diabolique de près. Vous voilà prévenus. » Le lieutenant Guillou, pour sa part, attribue ce message évidemment anonyme à un corbeau en mal de distraction. Pas de temps à perdre avec ce genre d’ânerie, ils ont déjà du mal à gérer les affaires en cours. 
Mais contre l’avis de son supérieur, l’adjudant décide de mener une petite enquête sans savoir dans quel engrenage il glisse le bout du doigt.

Le 12 décembre, c’est un détective privé, Marc Renard, qui est contacté par une certaine Justine Campan, désireuse d’en savoir plus sur les conditions de la mort de Lina Martel, sa colocataire.
« — Mon amie s'était inscrite à un stage. Ils appellent ça des stages de survie. Pas loin d'ici, du côté de Locmariaquer. Vous voyez ? […] C'est arrivé à la fin de son séjour. Le vendredi 29 novembre en début de nuit. En quittant le camp, elle a été renversée par une voiture. Lina est morte sur le coup. »
Et nous voici revenus au prologue…
Les gendarmes ont classé la mort de Lina en banal accident de la route mais compte tenu de nombreux événements antérieurs racontés par Justine, le détective décide d’en savoir plus sur les stages de survie et ceux qui les organisent.

Beaucoup d’autres personnages vont se trouver concernés par les enquêtes convergentes du gendarme et du détective. L’auteur mène son suspense d’une main ferme et d’une écriture vive, soulevant de graves sujets et nous menant sans répit d’un point à un autre de ce magnifique territoire entre Auray et Locmariaquer.

Jean-Marc Perret rejoint les éditions Palémon avec ce roman, soyons sûrs que d’autres suivront. Une nouvelle preuve du dynamisme de cette maison d’édition, créée par Jean Failler il y a vingt-cinq ans, qui sait accueillir de nouveaux auteurs et les accompagner au fil de leur parcours, enrichissant chaque année un catalogue susceptible de séduire de très nombreux amateurs de polars. Un auteur et un éditeur à suivre…

Serge Cabrol 
(30/08/21)    



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Noir & polar








Éditions du Palémon

(Mai 2021)
320 pages - 10 €













Jean-Marc Perret
s’est lancé dans l’écriture après une carrière à la SNCF. Il est actuellement correspondant du journal Ouest-France pour la commune de Chantepie, où il vit, près de Rennes.
Il est l’auteur de
plusieurs romans parus
chez divers éditeurs.