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Dominique PAQUET


Les grands textes de la beauté



Notions subjectives qui ont évolué au fil du temps, les critères de beauté peuvent différer d’une personne à l’autre. Les expressions de la beauté ne sont pas les mêmes en fonction de chacun·e et ouvre sur bien des possibles : une belle femme, un bel objet, le beau auditif ou visuel, le beau de la nourriture, de la boisson…
« Seul le beau visuel est envisagé et sont laissés de côté le beau sonore, le beau olfactif, le beau gustatif, le beau tactile. Si le beau sonore et musical fait l'objet de réflexions continues au fil de l'histoire de la philosophie, les autres sensorialités ont été longtemps exclues de l'esthétique. »
« Les pratiques de beauté sont devenues désormais des pratiques artistiques, le maquillage et les mises en scène du corps accédant au rang d'arts. Ce ne sont plus les répétitions mornes d'un canon cosmétique ou les blasons consolateurs d'une classe sociale exploitée. De même, l'anthropologie du corps rend justice aux tatouages et aux parures corporelles traditionnelles, qui ne sont plus considérés comme des signes de barbarie, mais comme des arts à part entière. »

Voici un univers passionnant qu’explore Dominique Paquet dans de multiples dimensions en regroupant des textes d’une vingtaine d’auteurs classiques ou contemporains répartis en cinq chapitres :
– Une notion indécidable : cette partie montre par différents articles qu’il est bien difficile de définir les critères du beau. Le maquillage peut être aussi vécu comme « un artifice, un mensonge sur la marchandise » ou une torture.
– Assignations et métamorphoses : Dominique Paquet parle de ce que peut nous révéler un visage en évoquant plusieurs auteurs analysant ce sujet. Elle s’est aussi penchée sur le rôle du maquillage. L’apparence extérieure joue un rôle dans le dandysme et parfois il faut changer de peau pour changer de vie. La dépigmentation, la chirurgie esthétique ouvrent sur des réflexions psychanalytiques ou philosophiques.
– Canons. Les conseils de beauté peuvent être très divers : est présenté le texte de Colette sur les seins qui a aussi parlé de « l’influence du cinéma dans la « fabrique de la beauté. » »
– Anthropologie de la beauté : les recherches de Claude Lévi-Strauss « envisagent les peintures corporelles et faciales comme un acte esthétique ». L’étude de différentes civilisations évoque les « petits pieds » en Chine, le concept Inuit de la beauté ou le corps tatoué au Japon.
– Modernité et postmodernité de la beauté : LÉloge du maquillage de Charles Baudelaire, L’invention du bronzage de Pascal Ory, le lien entre cosmétique et santé, le rôle du tatouage analysé par David Le Breton jusqu’au corps aujourd’hui termine l’ouvrage sur une vision contemporaine.

Cet ouvrage est une mine de références. Dominique Paquet présente chacun·e des auteur·e·s avant de donner à lire et commenter leurs textes. Son analyse philosophique, anthropologique, littéraire… est passionnante et explore différentes sociétés ainsi que les évolutions dans le temps et dans l’espace :
« Après avoir analysé les différentes raisons culturelles qui expliqueraient l'impérialisme de la peau blanche dans la population féminine et justifieraient les pratiques de blanchiment, Jean-Luc Bonniol analyse deux renversements épistémologiques : celui du bronzage qui légitime la peau bronzée à partir des années 1920 et celui de l'exaltation du mâle noir américain qui exhausse la couleur noire. »  
« [Chez les Inuits] Les nouveau-nés sont scrutés et tués s'ils ne correspondent pas aux critères de conformité et d'harmonie humaines. En effet, les défauts corporels d'un nourrisson qui détruisent son intégrité ou le rendent invalide, poseront des problèmes de survie ou d'intégration dans le groupe. La beauté féminine correspond à certains canons de régularité, d'équilibre du visage qui n'est pas totalement recouvert même par grand froid. En revanche, la vie boréale exige de la force et le corps féminin trouve sa beauté dans la robustesse, la femme devant être prête à endurer les températures très basses, les longues marches. »

C’est un ouvrage d’une grande richesse que l’on peut lire à sa convenance en linéaire, en piochant au fil des pages, en naviguant d’un commentaire à l’autre ou d’un texte à un autre.   

Brigitte Aubonnet 
(12/05/21)    



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Lectures







Dominique  PAQUET, Les grands textes de la beauté
IFM / Regard
Essentiels en poche
296 pages - 9,90 €

















Dominique Paquet,

dramaturge, comédienne
et philosophe, enseigne à l’Institut Français de la Mode depuis 1997.

Bio-bibliographie
sur le site de
Dominique Paquet






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