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Naomi KLEIN avec Rebecca STEFOFF


Vaincre l’injustice climatique et sociale
Feuilles de combat à l’usage des jeunes générations



Dans cet ouvrage, Naomi Klein s’adresse aux jeunes parce qu’ils sont directement menacés par les conséquences du changement climatique et parce que beaucoup de jeunes, même des écoliers, partout dans le monde, se mobilisent avec détermination, refusant « l’héritage catastrophique que les générations précédentes leur ont légué. »
L’objectif de ces feuilles de combat c’est tenter d’expliquer comment nous en sommes arrivés là, comment lutter contre les pollueurs, comment construire un avenir à la fois plus juste et plus vivable. L’originalité de Naomi Klein est d’associer intimement la lutte pour la limitation des températures à celle contre les injustices sociales : la pauvreté, le racisme.

Quelques chiffres glaçants
En 2019, la calotte glaciaire du Groenland a perdu 55 milliards de tonnes d’eau en 5 jours. Une telle masse de glace fondue pourrait mettre l’État de Floride sous 13 cm d’eau. En 2019, 15 % de la surface de l’Antarctique ont fondu en un seul jour. En 2020, en Australie, 18 millions d’hectares de végétation ont brûlé, 3 milliards d’animaux ont été blessés, déplacés ou portés disparus. De telles phénomènes viennent bien plus tôt que prévu par les scientifiques.

Justice climatique
Lors de la tempête Katrina, aucune aide n’a été apportée aux populations pauvres, plus de 1000 personnes ont péri. Après la tempête, les logements sociaux qui n’avaient pas été endommagés car sur les collines, ont été rasés au profit de logements pour les plus riches.
De très nombreux témoignages d’actions militantes émaillent le livre agréablement. Ainsi au Kenya, Elizabeth Wanjiru Wathuti a fondé, alors âgée de 21 ans, l’initiative Génération Verte qui a permis de planter 30 000 arbres. 20 000 écoliers ont ainsi appris à aimer les arbres et à les planter.
 Naomi Klein dénonce le « racisme environnemental » que l’on peut constater aux USA : les industries les plus polluantes sont installées à proximité des communautés afro ou latino américaines ou des réserves d’Indiens natifs. Elle explique que les « zones de sacrifice » vont s’étendre avec la fracturation hydraulique et les pollutions engendrées.
Nous savons que d’ici 2050, 140 millions de personnes vivants en Asie du Sud, en Amérique latine et en Afrique seront des réfugiés climatiques. Ce sont bien les nations les plus pauvres qui sont les premières victimes du réchauffement.

A qui la faute ?
Les auteures recherchent les fondements philosophiques, idéologiques de notre folie de maîtrise.
Elles évoquent les grandes explorations qui se sont accompagnées de pillage et de soumission des peuples autochtones, la révolution industrielle, l’esclavage qui fournissait le coton aux industries textiles. « Dans ce système, la terre et les hommes qui la travaillaient étaient traités comme des objets dont on pouvait tirer parti sans limite. Ainsi est né le capitalisme moderne. »
Entre 1948 et 1980 de nombreuses lois de protection de l’environnement contre la pollution de l’eau et pour préserver la pureté de l’air ont été votées. Ce mouvement s’inverse avec l’avènement du libéralisme qui cesse de réglementer. Les auteurs opposent le capitalisme sauvage au capitalisme vertueux, avec peut-être, une certaine naïveté.

Les solutions
Naomi Klein a proposé un New Deal vert publié dès 2019 par Actes Sud. Ce New Deal est ambitieux ; il s’agit de « repenser notre façon de vivre, de manger, de voyager, de commercer et de gagner notre vie. (…) Les changements que nous effectuerons pour sauver la planète doivent également servir à protéger les populations les plus vulnérables (souvent oubliées) et à les rendre plus fortes. »

Dans la postface, les auteures citent l’écrivaine indienne Arundhati Roy, militante écologiste et altermondialiste, qui invite ses lecteurs à considérer la pandémie comme un portail, une porte ouverte sur l’avenir.  Nous lui laisserons le dernier mot car sa pensée résume bien le combat de Naomi Klein.
« Tout au long de l’histoire, les grandes pandémies ont obligé les hommes à rompre avec le passé et à construire un monde nouveau. Nous nous trouvons précisément dans cette situation. Cette pandémie est un portail, une passerelle entre le monde d’hier et le monde de demain. Nous pouvons décider de passer cette porte en traînant derrière nous notre vieille carcasse de civilisation, nos haines et nos préjugés, notre avarice, nos banques de données et nos idées moribondes, nos rivières à l’agonie et notre air pollué. Ou bien nous pouvons choisir de voyager léger, sans ces encombrants  bagages, prêts à imaginer un autre monde. Et prêts à nous battre pour lui. »

Nadine Dutier 
(20/05/21)    



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Lectures










Naomi KLEIN, Vaincre l’injustice climatique et sociale
Actes Sud
(Avril 2021)
304 pages - 18,80 €

Version numérique
13,99 €


Traduit de l’anglais
(Canada)
par Cédric Weis








Naomi Klein,
née à Montréal en 1970, journaliste d’investigation et essayiste engagée, a publié plusieurs livres et participé à trois films sur le climat et l’injustice sociale.



Bio-bibliographie
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