Connaît-on ses proches, ses parents notamment ?
Quels sont leurs secrets ? Est-il souhaitable de les connaître ?

Voilà une relation entre un fils et sa mère qui se déroule dans le mystère, l’imaginaire, la délicatesse d’une profonde tendresse sous la plume d’Isabelle Minière qui explore avec beaucoup de respect et de finesse le monde si complexe des relations familiales.

Dans le roman qu’Isabelle Minière vient de publier, J’ai dix-huit ans, tous les âges à la fois, et j’ai un papa, nous découvrons une relation entre une fille et sa mère qu’elle nomme la sorcière tellement elle est odieuse avec elle. Albertine, cette fille, se réfugie dans l’imaginaire et l’écriture pour résister et trouver la force de vivre. Dans Sortir les chiens, le fils s’interroge sur sa mère, si douce et si fragile, et il dessine pour répondre aux questions qu’il se pose sur elle et ses secrets. Il n’y a peut-être pas de réponse mais tout ce cheminement créatif sera plus que bénéfique.

C’est un texte très beau sur la relation filiale et sur le rôle de la création qui entre en écho avec les autres textes d’Isabelle Minière qui parle sans manichéisme du fonctionnement des familles qui sont lieu de joie, d’interrogations et parfois de dangers pour les enfants.
L’imaginaire, la présence, l’absence et la complicité jouent un rôle essentiel entre ce fils et sa mère.

Les illustrations d’Olivia Lévêque, très colorées, tout en rondeurs, valorisent la douceur maternelle et le respect qu’elle a envers son fils. L’écho avec les mots d’Isabelle Minière est très réussi.

« Un grand studio, quand j'aurais tant aimé lui offrir un château. Un château, elle n'en aurait pas voulu. Quand elle avait visité "ses appartements", ainsi qu'elle allait baptiser sa maisonnette, elle avait murmuré "C'est trop... C'est trop grand pour moi..." Elle m'avait regardé très fort, hoché la tête, sa façon de dire merci. J'avais compris. »

Brigitte Aubonnet 
(30/06/21)