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Paul FOURNEL

Jeune-Vieille


Geneviève, personnage principal de ce roman, affirme dès l’enfance son plaisir de lire des histoires d’autant plus que sa mère ne savait pas les lire. « Les gens disaient tous que ma mère était un être formidable, une sorte de modèle à suivre. Moi, je lui accordais deux défauts majeurs : elle ne savait pas faire les sandwichs. […] L’autre chose qu’elle ne savait pas faire, c’était raconter les histoires. Chaque soir de ma petite enfance avait été une torture. »
« Savoir lire couramment a été la plus grande fête de ma vie (mieux que le vélo ou la nage). »

Au collège, Gérard Gabert, garçon mystérieux, lui glisse un jour à l’oreille : « Tu n’es pas jolie, Jeune-Vieille. Mais tu seras toujours belle tant que tu raconteras des histoires. » 

Geneviève découvre la liberté immense que procure la littérature mais elle découvre aussi les plaisirs du cinéma qui s’associent pour elle à la découverte du corps des garçons dans les salles obscures où elle les entraîne.

Dans la cour de récré du lycée, elle raconte les films devant ses amis mais un jour se retrouvant seule, elle décide de commencer un « Cahier de films ».
« Il y avait là un mystère de l'écriture, la sensation d'une pâte qu'il fallait pétrir et étendre, une sensation de lenteur obligatoire, le besoin de peser les mots. Écrire n'importe quoi n'importe comment n'était pas si simple, même si le prétendu film de Miloš Forman était de pure invention. Cet échec me passionna. »

Voilà comment Geneviève s’intéresse à l’écriture. En terminale, elle décide de s’orienter vers des études littéraires même si sa motivation interroge. « En vérité, ce que je voulais expérimenter à la fac, c’est à quel point l’étude patiente et savante des grands maîtres parvient à vous dégoûter du désir d’écrire. » Nous suivons son parcours ce qui nous plonge dans le monde de l’édition et dans les coulisses du travail d’écriture : « Je me mis donc au travail. Parvenue à la ligne 2, je me levai pour me faire une tasse de thé. Ligne 6, deux carrés de chocolat. Ligne 8, un tour de piste dans ma chambre. Ligne 12, une douche et un tour en ville. Le combat s'annonçait difficile. »

Geneviève est publiée par Robert Dubois, éditeur dans La liseuse, qui l’accompagne dans son parcours. Il est passionné par la littérature mais l’édition se transforme et se gère actuellement comme une entreprise rentable. Geneviève Roy va-t-elle résister aux appels d’un groupe littéraire ambitieux qui utilise d’autres méthodes que celles de Robert Dubois et lui promettent de réaliser un film à partir de son roman ?
Paul Fournel qui a une excellente connaissance de cet univers et de son évolution, puisqu’il a lui-même été éditeur, dépeint les fonctionnements et dysfonctionnements actuels de ces grands groupes qui se disent maisons d’édition. Le livre devient un produit entre leurs mains et l’accompagnement littéraire n’est pas dans leurs compétences.

Après avoir parlé d’un éditeur dans La liseuse et d’un manuscrit mystérieux dans Jason Murphy, Paul Fournel donne le point de vue d’une autrice qui s’exprime au « je » quand elle est vraiment elle-même et au « elle » quand elle est manipulée et entrainée dans un engrenage où se perd l’authenticité et la valeur littéraire.

C’est un roman au rythme dynamique pour évoquer avec justesse et humour mais aussi découragement et espoir les méandres de l’écriture et de l’édition.

Brigitte Aubonnet 
(08/04/21)    



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Éditions P.O.L.

(Avril 2021)
176 pages - 17 €




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des articles concernant
certains de ses livres :

A la ville comme
à la campagne


Méli-Vélo

Chamboula

Courbatures

La liseuse

Anquetil tout seul

Jason Murphy

Humeurs badines

Le Bel Appétit

Le Lagarde et Panard

Avant le polar

Faire Guignol