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Sembouyane, le narrateur de cette odyssée est né dans un pays d’Afrique de l’Ouest nommé Forédougou, situé entre le Sénégal et la Guinée Conakry. C’est un pays de non droit, de violence, de guerre. Les seuls réconforts de Sembouyane sont Diary dont il est amoureux et les moments où il devise avec « Grand-père », un énorme fromager, le plus grand arbre de la forêt où les âmes de ses ancêtres ont trouvé refuge pour se protéger des marchands d’esclaves. Avec lui, il apprend la tolérance, la littérature et le goût des voyages. Quand il revient de la cérémonie d’initiation, il découvre que son « village n’est plus qu’un tas fumant de chair et de sang ». Sa famille, ses amis et voisins et Diary sa promise, tous ont été massacrés. C’est alors qu’il décide de « prendre la route de l’exil, tracée par des cadavres. » Il part avec un autre survivant du massacre, son ami d’enfance Idy. Ils quittent le pays dans un camion poubelle, cachés sous les ordures. Une fois au Sénégal, ils rejoignent le Mali dans un break cahotant. Ils font la connaissance de Karim qui quitte le Sénégal parce qu’il ne peut plus nourrir sa famille. Il fuit le chômage, la corruption. C’est sa troisième tentative de départ en exil. Dans le train qui doit les conduire au Niger, ils font la connaissance d’Alain, écrivain engagé dont les livres critiquant la dictature déplaisent au Président à vie du Cameroun. À Agadez, ils retrouvent Maguy, l’amie de Karim, une femme moderne, émancipée et généreuse. Ils choisissent de traverser le désert vers la Libye avec Sami, qui a la réputation d’être le meilleur passeur, mais quel caractère ! ceux qui ne respecteront pas les consignes seront jetés par-dessus bord. Les quarante passagers sont prévenus. Le choix de Khalil Diallo de confier à un écrivain "débutant" le rôle du narrateur donne un ton particulier à ce récit : très proche de son ressenti, de ses émotions. Sembouyane est abasourdi par la violence de la réalité pire que ses plus terribles craintes. Ce roman donne des noms à ces migrants qui souvent ne sont que des chiffres. Il montre le courage nécessaire pour entreprendre un tel voyage et le désespoir qui pousse à partir. Il montre ce que l’Occident a fait de la Libye qui traite les migrants plus mal que du bétail. Nadine Dutier (10/09/21) |
Sommaire Lectures Emmanuelle Collas (Août 2021) 192 pages - 16 €
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