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Claire CONNAN


Le corbeau des lavoirs


Le roman commence le troisième samedi de juillet 1978, jour de la fête du pardon de Notre-Dame-des-Fontaines, avec la découverte d’un cadavre dans la petite ville de Pontrieux traversée, comme son nom l’indique en partie, par le Trieux bordé par les lavoirs qui restent aujourd’hui encore une particularité de la ville et une curiosité touristique.
Ce décès intervient trente-trois ans après la fin de la guerre et avec lui vont émerger beaucoup de secrets, de mystères et de crimes plus anciens.

Les deux héroïnes de cette sombre histoire se sont retrouvées cinq jours plus tôt sur le quai de la gare. Elles ne s’étaient pas revues depuis dix-sept ans, depuis le foyer d’accueil. Sylviane y avait été placée très tôt, après le suicide de sa mère (fille-mère disait-on alors) et le refus des grands-parents de s’occuper de ce bébé de la honte. Muriel a, pour sa part, été élevée dans une famille d’accueil aimante et chaleureuse jusqu’à seize ans, âge limite auquel il fallait laisser la place à des enfants plus jeunes. Mais elle n’a pas supporté le foyer et s’est enfuie très vite.

Sylviane a quitté le foyer plus tard, pour poursuivre ses études. Elle travaillait pour un musée de la région parisienne mais elle a obtenu une mission de plusieurs mois pour étudier le projet de transformation de l’ancienne cartonnerie industrielle de Pontrieux en musée. Elle va loger dans la maison de ses grands-parents qui ne voulaient pas d’elle. Ils sont morts tous les deux. Elle se trouve la seule héritière mais ne s’y sent pas chez elle, n’y ayant jamais vécu.

Muriel vient prendre son poste à la gendarmerie comment employée administrative. À cette époque, pas de place pour les femmes parmi les gendarmes, au grand dam de Muriel dont le tempérament impétueux ne rêve que d’interventions et d’enquêtes. À sa plus grande surprise, elle va rapidement se trouver face à un crime et pouvoir laisser libre cours à sa passion pour l’action et l’investigation.

En effet, cinq jours après son arrivée, ce troisième samedi de juillet a connu une tempête importante avec beaucoup de vent et de pluie. Une inondation a commencé à se former devant l’église. Le bedeau est allé voir ce qui empêchait l’évacuation de l’eau vers le petit canal souterrain et a trouvé un corps qui obstruait la grille. C’était Charles Carré-Kerizel, notable local, ancien cadre de la cartonnerie et annoncé comme futur maire de la ville. Comment diable était-il arrivé derrière cette grille ? En remontant et sondant le petit canal, les gendarmes ont retrouvé plusieurs objets dont une arme datant sans doute de la guerre, un pistolet-mitrailleur Sten dont se servaient les résistants, et un plus haut dans la colline, l’étui à cigarettes de la victime près d’un parapet assez haut pour que la thèse de l’accident soit écartée.

Muriel, chargée de taper les déclarations des témoins, se trouve au cœur de l’enquête sans que personne le sache. Quand le bedeau laisse échapper qu’au fil du temps plusieurs autres décès avaient eu lieu pendant les fêtes du pardon de Notre-Dame-des-Fontaines, Muriel s’interroge. Simples coïncidences ? Elle va fouiner dans les archives du journal local pour en savoir plus. Et peu à peu beaucoup d’événements étranges apparaissent.

Si on fait le compte, on s’aperçoit que Muriel et Sylviane sont nées à la fin de la guerre et nous apprendrons (quand elles les découvriront elles-mêmes) les conditions de leurs naissances, dans l’atmosphère étouffante et mortifère de l’occupation allemande, avec des histoires et des souvenirs de familles juives réfugiées, cachées, dénoncées, déportées, de villageois ayant choisi de collaborer ou de résister, parfois seulement au dernier moment, de relations amoureuses hors mariage et de femmes tondues… Bien entendu, la mort de Charles Carré-Kerizel est liée à tout cela mais il faudra beaucoup d’énergie et de courage à Muriel pour démêler cet écheveau nauséabond, prouvant que, sans être gendarme, elle est néanmoins une excellente enquêtrice.

Espérons que nous la retrouverons dans une prochaine aventure, cet ouvrage n’étant peut-être que le premier d’une nouvelle série prenant place parmi celles que les éditions du Palémon ont déjà créées, dans une recherche permanente de qualité et de diversité, pour le plus grand plaisir de leurs lecteurs.

Serge Cabrol 
(29/11/21)    



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Noir & polar







Claire CONNAN, Le corbeau des lavoirs
Éditions du Palémon

(Septembre 2021)
224 pages - 10 €

Version numérique
6,99 €












Claire Connan,
après une trilogie familiale empreinte de légendaire breton, signe ici son premier roman policier.



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