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Adrien BLOUËT

Les immeubles de fer


D’étranges aventures attendent Arthur à Shanghai, ville insensée dans tous les sens du mot. Tout jeune urbaniste, il a accepté un stage dans la ville de la démesure architecturale surtout pour y rejoindre Adèle, sa petite amie qui veut se perfectionner en bouddhisme et surtout s’éloigner de lui.  Ils vont finir par s’y séparer vraiment, séparation plus qu’annoncée.

On suit donc Arthur, solitaire, déprimé, dans le dédale d’une des plus grandes villes du monde où tout va lui être hostile, jusqu’aux parcs, pourtant seules respirations possibles dans le chantier permanent de la ville. Tout y est absurde, la chambre placard qu’Arthur loue, les tâches impossibles à réaliser qu’on lui confie dans son stage, sa rupture, tout écrase le narrateur qui en ressemblant de plus en plus à un personnage de Beckett, à un personnage de cartoon martyrisé, pauvre Charlot en proie à la méchanceté du monde, tombant de pièges en chausse-trappes, finit  par faire rire le lecteur par tant de passivité de sa part  et tant de cruauté de la part de la ville de  Shanghai qui devient, elle aussi, personnage de conte,  sorte de marâtre, de sorcière malfaisante, de blob protéiforme qu’il est impossible de cerner, d’affronter, de concevoir. Le style d’Adrien Blouët ressemble au visage impassible de Buster Keaton et enfonce encore plus ce pauvre Arthur qui essaie sans arrêt de se persuader qu’il ne s’est pas fourvoyé !

Je continuai ma route dans l’intestin de la ville. Était-ce la dernière fin ? Il y en avait déjà eu tellement. Le monde est devenu moche, pensai-je en baissant les yeux. Très moche. Pire que tout ce que j’avais imaginé. Et malgré ça, autour de moi, parfois près d’un virage ou au milieu de la ceinture d’un pont deux silhouettes s’étreignaient, dans les brumes dégueulasses qui faisaient cracher les lampadaires, elles s’embrassaient sans m’accorder leur attention, sans voir Adèle qui s’effaçait, sans écouter la nuit ni entendre les bus qui embrayaient, vides, vers leurs dépôts lointains.

Sylvie Lansade 
(28/10/21)    



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Noir sur Blanc

(Octobre 2021)
Collection Notabilia
240 pages - 16 €



Adrien Blouët
est né en 1992.
Les immeubles de fer
est son deuxième roman.


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son premier roman :
L’absence de ciel