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Le roman Les rues bleues de Julien Thèves s’ouvre sur un entrelacs urbain bleu et doré, anonyme et animé. Une invitation nous est lancée, celle de s’insérer dans ce trouble et miroitant ballet... D’entrée, le narrateur nous entraîne dans "son" Paris : un Paris individuel mais universel, un Paris obscur mais scintillant, un Paris endormi mais vibrant, un Paris paisible et pourtant plein de folies. Le jeune homme embarque le lecteur en 1989 pour le déposer en 2019. Son histoire épouse celle de la ville en particulier et de la vie en général. « Cette ville, qu’on appellera Paris, il n’y aura pas d’ambiguïté, coulait lentement entre deux rives, depuis des siècles, depuis des années, elle coulait lentement de jour en jour, vers sa destruction prochaine. » L’auteur inscrit son roman dans la lignée des piétons de Paris. Comme eux, le personnage évolue dans une dimension multiple : l’errance physique recouvre le cheminement intérieur. Le lecteur le suit d’autant plus volontiers que la déambulation déroule le ruban d’un passé collectif. Faible de ce constat, le narrateur ressent son impuissance à gérer sa vie. Une vie qu’il subit, qu’il fuit même : Un espace-temps où il se laisse flotter, dériver, emporter au gré du courant. Un courant électrique, aussi, qui lui permet d’exister a minima, telle une ombre. Une ombre fugace et solitaire. Il ne possède rien ni personne. Paris, la nuit, lui fait écho. Immense et désertée, la ville le comprend, le réconforte et s’offre à lui. Quand Paris, la nuit, propose un lit au commun des mortels, c’est un tapis volant qu’enfourche le personnage : « Elle est à nous la ville maintenant. Nous sortons, nous sortons, nous sortons. » Une quête décrite par l’auteur de façon épurée, originale et poétique. Catherine Arvel (27/05/20) |
Sommaire Lectures Buchet-Chastel (Janvier 2020) 256 pages - 16 €
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