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Florence ROCHE


Le pensionnat de Catherine


Dans les années 60, Camille et Samuel, sans se connaître et pour des raisons différentes, se lancent dans des recherches pour savoir ce qui s’est réellement passé à Annecy en 1943, dans ce chalet où des passeurs véreux assassinaient les familles qu’ils étaient censés conduire en Suisse. Ce sont les hasards de l’enquête qui vont amener les deux jeunes gens à se rencontrer et à poursuivre ensemble leur fouille du passé.

La scène initiale du roman se situe justement en 1943. De Paris, Mirella Bernbaum et son fils de six ans, Samuel, ont été amenés à Annecy par un passeur, Lardener, qui les a confiés à un couple, Justine et Serge Ligier, pour les conduire dans ce chalet savoyard où ils passeront la nuit avant de repartir au petit jour pour une heure de marche vers la Suisse.
Mais sur les six familles regroupées là, trois seulement vont prendre la direction de la liberté. Les autres sont abattues et jetées dans un charnier sous la maison.

Le principe est simple. Les familles sans gros moyens financiers sont menées en Suisse pour témoigner de l’honnêteté et du courage des passeurs. Les familles plus fortunées sont spoliées et tuées sur place. C’est le cas pour Mirella mais elle parvient à pousser Samuel hors du chalet par un petit espace en bas d’une cloison et l’oblige à s’enfuir.
« Il est rapide. Il s'enfonce dans un bois. Il se retourne une dernière fois sur le chalet, les larmes aux yeux.
Il court dans la nuit. Longtemps. Deux détonations déchirent le silence.
Il accélère encore. Comme lui a dit maman : fuir, vite, loin. Ils se retrouveront, après. »

C’est ensuite, au fil du roman, en chapitres alternés, qu’on apprend qui étaient ces passeurs et ce qu’ils sont devenus, qui a été victime des deux détonations entendues par Samuel et ce qu’il est advenu de Mirella.

Samuel, lui, a été recueilli par Madou, une paysanne qui l’a élevé sous une fausse identité. Doué pour les études, il a pu aller jusqu’au brevet, passer le concours de l’Ecole normale et, grâce à une bourse, devenir instituteur. Mais Madou, sentant la fin venir, révèle un secret à Samuel :
« – Tu trouveras derrière mes chemisiers, dans ma commode, un faux fond. Ouvre-le. Il contient tes papiers. Et un bijou que tu portais. »

Au troisième chapitre, c’est en Auvergne que nous nous retrouvons, dans un pensionnat pour jeunes filles de bonnes familles dirigé avec fermeté par Catherine Scortia, efficacement secondée par sa fille, Camille. Ce jour-là, une nouvelle professeure d’anglais, Nancy Rawelle, vient prendre ses fonctions dans l’établissement et Camille assiste à une scène très étrange.
« Miss Rawelle ne fit pas un geste. Elle gardait le regard fixé sur Catherine et resta ainsi de longues secondes qui parurent une éternité.
– Tu ne me reconnais pas ?
Catherine la toisa avec irritation, haussa les épaules sans répondre. Mais Camille surprit comme de l'angoisse dans les yeux de sa mère. C'était la première fois qu'elle voyait son masque se lézarder.
– Moi, je sais qui tu es, Catherine Lardener, dit Miss Rawelle, qui s'était retournée sur le pas de la porte. Tu as beau m'ignorer, je connais tout de toi, et de ton passé. »
En fouillant dans les affaires de Nancy, Camille découvre que cette Miss Rawelle était une amie de sa mère à Annecy et leur correspondance est très révélatrice…

La rencontre de Samuel et Camille dans le vieux chalet maudit les amène à enquêter ensemble sur un passé qui les concerne tous les deux. Si Catherine Scortia a bien épousé Lardener, Camille serait la fille du passeur responsable de la mort de la mère de Samuel. Si elle s’avérait fondée, cette révélation ne faciliterait pas l’histoire d’amour naissante entre les deux jeunes gens…

Mais de chapitre en chapitre, au fil des documents qu’ils découvrent et des témoins qu’ils rencontrent, ils s’aperçoivent que la réalité est plus complexe que les apparences. 

Florence Roche, dont nous avions déjà apprécié Les parfums d’Iris, réussit encore ici un roman, destiné à un large public, qui rappelle que les nazis n’ont pas été les seuls à spolier les biens des familles juives. Les miliciens et les passeurs véreux en ont bien profité aussi. Mais une fois la guerre terminée, certains ont dû rendre des comptes et l’argent si honteusement acquis ne leur a pas toujours profité très longtemps…

Serge Cabrol 
(03/01/20)    



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Presses de la Cité

Terres de France
(Octobre 2019)
306 pages - 20 €












Florence Roche, passionnée d'histoire,
a déjà publié une
vingtaine de livres.







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de Florence Roche :


Les parfums d’Iris