Changement de latitude et de climat pour ce nouveau polar de Peter May, nous sommes loin des brumes écossaises, la chaleur est oppressante dans cette région du fin fond de l’Espagne, près de Malaga, dominée par l’ombre du rocher de Gibraltar. Mais Peter May n’oublie pas ses terres de prédilection et va mettre en scène, sur ce territoire que se disputent toujours Anglais et Espagnols, deux Écossais : un flic brillant, peu aimable et trop franc, ce qui le rend asocial, à la recherche d’un gros trafiquant de drogue, tueur sans pitié.

         Dans un décor paradisiaque, le mal aimable donc mal aimé va comprendre aux côtés de sa jeune homologue qu’il doit changer de vie pour au moins récupérer l’amour de ses enfants et le tueur sans pitié va être touché par la grâce de son otage, une jeune femme sourde et aveugle qui, emmurée dans son handicap, réussit à l’émouvoir.

         Peter May nous entraîne, lentement, le soleil est implacable, dans un polar poisseux, une sorte de tragédie méditerranéenne où nos deux Écossais antagonistes, mais portant tous les deux de terribles blessures d’enfance, avancent inexorablement vers leur rédemption en explosant au passage la vie des deux femmes qu’ils côtoient.

         Le final, très hitchcockien, met en scène, le rocher de Gibraltar, Peter May aimant toujours que le paysage de ses enquêtes soit plus qu’un décor, qu’il donne le ton, qu’il imprègne complètement l’histoire.

Sylvie Lansade 
(06/07/20)