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Alexis LEGAYET

Bienvenue au paradis


            Nous sommes en 2145 à Zoopolis, les antispécistes ont triomphé, c’est la grande libération animale. Par la biologie, l’humanité s’emploie à éliminer la violence entre les animaux.
            « Dan [étudiant] tentait de combiner des gènes de luciole, de rose et de sapin afin que ce dernier puisse clignoter tout seul lors des fêtes de Noël, lorsqu’un parfum floral d’une espèce inconnue lui flatta la narine. Il se retourna et vit, enserré dans un short en jean, s’éloigner entre les paillasses deux globes célestes à faire pâlir le Grand Infographiste. Quel dieu, quel diable d’artiste avait pu dessiner ce derrière de merveille ? »  Ces fesses étaient la propriété d’Alice Roux, dessinées par le médecin qui l’a mise au monde et une fois grande, customisées par elle-même. Maintenant, on se modèle comme on veut, on prend la forme désirée à l’aide d’une imprimante trois D et en commandant les cellules souches.
            Séduit par Alice, « cette belle plante », Dan, pour se rapprocher d’elle, va aller à une réunion du Flower Power dont Alice est adhérente. Le professeur Dobrovsky énonce le but de cette association : « nous sommes des humains qui, après nous être si difficilement libérés du mal carnivore, entendons aujourd’hui libérer le monde – ce monde, notre monde ! – du mal végétarien ! » Bref qu’on n’entende plus le cri de la carotte quand on l’arrache de terre ou la découpe. « Vous riez – soit votre âme est vile, soit vous n’êtes guère éclairé. Savez-vous que lorsqu’on découpe une carotte, comme vous l’avez déjà fait, j’imagine mille fois […]  des signaux électriques se propagent à travers tout son organisme […] Ce n’est pas tout. On sait maintenant qu’à la moindre attaque sur ses racines, sa tige ou ses feuilles, la Daucus carotta, comme la plupart des autres plantes, produit de l’éther, parfois de l’éthylène. […] Ce sont  des analgésiques. Autrement dit, des antidouleurs ! »
            Pour convaincre les hommes de ne plus manger de légumes,  le Flower Power, qui ne se nourrit que de fruits, mène des actions régulières, comme la participation à des courses athlétiques pour démontrer qu’on peut être fort et sportif en ne mangeant que des fruits, ou des actions sauvages, comme le sabotage de tronçonneuses. D’action en action Dan se rapproche de la belle Alice. « Elle dégagea délicatement sa main de celle de Dan et embrassa tendrement ce dernier sur le front […] "Alice m’a embrassé ! Alice m’a embrassé !" jubilait Basquet intérieurement. »
            Mais voilà qu’il y a des disparitions d’animaux, d’arbres et de plantes qui inquiètent le Flower Power
            Ce livre drôle, loufoque, de bout en bout, comme l’était Le greffon sacré (je n’ai pas lu Dieu-Denis ou le divin poulet dont Bienvenue au paradis est la suite) poursuit la logique de l’antispécisme aux végétaux qui sont également « sensibles ». Il emprunte à l’anticipation pour souligner cette thèse et indiquer les dangers de l’homme augmenté, numérisé, le but du transhumanisme pour atteindre l’immortalité. Ce gai texte est un agréable conte philosophique qui ne voit pas l’avenir virtuel en rose mais sait en plaisanter !

Michel Lansade 
(08/12/20)   



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Æthalidès

(Septembre 2020)
192 pages - 18 €







Alexis Legayet
enseigne la philosophie depuis quinze ans.





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