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Mercedes DEAMBROSIS


Rendez-vous au paradis


Voici un texte bouleversant sur la fin de vie de la mère de Mercedes Deambrosis.
Les chapitres alternent entre l’histoire familiale et les derniers moments d’une femme qui a toujours été odieuse, se fâche avec tout le monde et elle continue avec le personnel de l’hôpital. Elle n’a jamais su profiter du bonheur qu’elle a connu au fil des ans. Elle a ainsi pourri la vie de ses proches, notamment de ses deux filles.
« – "Ah, toi..." Elle lève une main, la laisse retomber. Rien. Quantité négligeable. Qui veut-elle que ce soit d'autre ? Je voudrais que ce soit quelqu'un d'autre. Mais c'est moi et je regarde cette vieille femme mourir. Ma mère. Elle a pourri ma vie, celle de ma sœur. Elle s'est brouillée avec toute sa famille, avec ses amis.
J'ai apporté une photo d'elle, jeune, si belle, avec mon père. Les infirmières ont du mal à le croire.
"C'est vous, là ?"
Elle ignore la question, comme elle les ignore, elles.
"Vous étiez drôlement belle ! Une vraie actrice de cinéma !" Cela fait longtemps qu'elle est devenue laide, bien trop longtemps pour une vie qu'on lui promettait enchantée. »

Mercedes Deambrosis relate avec beaucoup de franchise les sentiments qu’elle éprouve face à une femme qui décline alors qu’elle veut encore commander et tout maîtriser. « Pourquoi ne meurt-elle pas ? » Il est bien complexe d’aimer et de haïr une mère qui n’a jamais montré d’affection. « On n’a pas le droit de ne pas aimer sa mère. »

L’histoire du fascisme et de l’arrivée de Franco au pouvoir avec ses dramatiques conséquences traversent aussi ce texte et s’entremêlent avec l’histoire d’une famille espagnole sur plusieurs générations. « Les forces nationales renforcées par les alliés italiens, l'aviation allemande et la garde maure du Généralissime – près de trente-cinq mille hommes – avancent vers Madrid pris en tenaille. C'est une succession de massacres et d'exterminations. Villages rayés de la carte, réduits en cendres par les bombardements. Officiels, syndicalistes, tous ceux soupçonnés d'être partisans ou fidèles à la République sont passés par les armes. » L’enfance de Guri, la mère de Mercedes, nous éclaire sur le fonctionnement de cette femme qui a toujours vécu dans une confrontation rude avec les autres.

C’est un texte poignant sur une relation mère-fille bien complexe qui se lit d’une traite dans le dernier souffle des moments vécus entre ces deux femmes. 
« En ces derniers instants, je ne sais pas quels étaient mes sentiments. Je l’avais aimée comme tous les enfants aiment leur mère, et je l’avais détestée parce que son amour était tapissé de pouvoir et de violence. »

L’expression du pouvoir et de la tyrannie dans le cadre familial ainsi que dans le contexte politique espagnol est très bien rendue par Mercedes Deambrosis

Le livre comporte aussi seize pages de collages de Renaud Buénerd à partir de photographies tirées des archives de l'autrice

Brigitte Aubonnet 
(22/10/20)    



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Chemin de Fer

(Octobre 2020)
150 pages - 16 €





Mercedes Deambrosis,
née à Madrid en 1955, est nouvelliste et romancière.



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