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Marijosé ALIE


Une semaine et un jour


 Une semaine et un jour de Marijosé Alie est un roman fort, un roman poignant.

Deux femmes, Célestine et Soraya, en proie aux forces les plus hostiles, subissent sous nos yeux les événements les plus destructeurs. Et pourtant, au cœur de leur malheur, l’une comme l’autre forcent l’admiration par leur courage et leur dépassement de soi.

Toutes deux se ressemblent, se rassemblent dans l’adversité.
Bien curieuse histoire que la leur, puisque deux siècles et demi les séparent !
L’une, Célestine, est l’aïeule de l’autre, Soraya.

Happées par les vicissitudes et les horreurs de leurs époques, victimes de tragédies, leur destin bascule, l’abîme est leur quotidien.   

Une correspondance s’établit entre elles, au sens propre comme au sens figuré. Leurs trajectoires ne cessent de se croiser, de se mêler, de s’entremêler.

L’auteure a fait le choix d’établir un lien entre les périodes, entre les univers.
Il est créé par la composition du roman lui-même, ainsi que par son contenu.

Célestine couche sur le papier les tourments qui l’assaillent. Elle essaie de trouver ainsi un point d’ancrage, une stabilité, face au déchainement chaotique et inextinguible que portent l’année 1789 et les suivantes.

Soraya, notre contemporaine, découvre au détour d’un grenier le journal intime de sa lointaine grand-mère. Il va lui servir de bouée pour surnager au milieu du torrent de douleurs, de pertes de repères et de doutes qui menace de l’engloutir.
Célestine lui offre par-delà les siècles une parcelle de consolation.

À nous, lecteurs, ce journal apporte un regard sur le vécu d’une famille de la bourgeoisie, sur l’extrême misère du peuple et sur l’inertie du roi à l’orée de la Révolution française.

Les aspirations, les doutes, les craintes, les privations, les souffrances, les chamboulements, les atermoiements, l’injustice, les erreurs, la terreur, les exécutions...  Tous ces éléments façonnent directement ou indirectement le destin de Célestine et de ses concitoyens, quel que soit leur rang.

La jeune fille côtoie des personnalités marquantes de son temps. Une femme, notamment, Olympe de Gouges, dont les apparitions en filigrane illustrent le magnifique et décisif combat pour la justice et l’égalité, non seulement des femmes mais aussi des peuples. 

Marijosé Alie est journaliste et auteure de romans. Sa trame romanesque se nourrit de son analyse d’observatrice et de son talent de plume. Son écriture acérée telle un pic à glace restitue élégamment mais sans concession la brûlante actualité.
Elle entretient le suspense avec habileté. Nous pressentons le feu qui couve sous la braise, mais nous ne savons ni quand ni comment il va se manifester.

Le titre même entretient une énigme dont la résolution est sans cesse retardée.

La couverture, sombre et inquiétante, est à l’image du contenu de ce roman. La vie est là, dans son extrême fragilité.

Si l’errance, le désarroi, la violence jalonnent le chemin des personnages, ils coexistent cependant avec l’espoir d’un monde meilleur, le désir d’accomplissement, de justice et de liberté. Si la haine génère des ravages, l’amour procure des éblouissements.

Inspirés ou insensés, pacifiques ou belliqueux, les comportements se perpétuent à travers le temps et l’espace, mais l’être humain poursuit sa quête existentielle.

C’est dans cette force vitale que réside toute la beauté et la poésie de notre monde.

« Le soleil s’en allait, peignant l’horizon d’un pastel de mauve, de rose et d’or qui éclaboussait les collines... Elle lui parla de la petite église qui phosphorait comme une goutte de soleil dans l’océan des misères ordinaires... »

Catherine Arvel 
(24/02/20)    



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Lectures








Hervé Chopin

(Janvier 2020)
352 pages - 19 €







Marijosé Alie

a été journaliste de télévision et chanteuse
avec le groupe Malavoi.
Une Semaine et un jour
est son deuxième roman.



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