Retour à l'accueil du site | ||||||||
Alexander dit Alex, un amoureux de Mallarmé, Stendhal et Borges qui avait rêvé après des études de lettres devenir lui-même écrivain, a vite abandonné son premier roman, inachevé du reste, dans un tiroir et c’est dans le journalisme, pour le compte de journaux londoniens, qu’il gagne sa vie comme chroniqueur mondain. Le roman commence justement par un SMS de Slobo découvert par Alex au milieu de la nuit, lui demandant de le rappeler concernant « une affaire grave et assez urgente » : La police locale a découvert le cadavre de Diouke dans un terrain vague. L’île est petite et Alex qui avait croisé peu de temps après son arrivée sur place le traître attablé au restaurant avec Mario Concini, « le plus génial faussaire de ce siècle » que Slobo avait vite identifié malgré son changement d’identité, l’avait revu plusieurs fois amicalement ces dernières semaines. Diouke, ancien conseiller artistique, était effectivement un proche du peintre, lui-même en lien avec un grand oligarque russe amateur d’art ayant acquis une villa sur Malagusta pour laquelle il avait commandé une réplique grandeur nature de la superbe fresque de « la villa des mystères de Pompéi ». Le milliardaire a bien évidemment pour épouse une superbe Géorgienne qui ne semble pas insensible à la compagnie du séducteur patenté. Louis-Bernard Robitaille après nous avoir plongé dans le passé commun des deux hommes, suit les pas d’Alex à la rencontre de Gradomirov et Concini (seul personnage directement inspiré de la réalité) nous faisant pénétrer de près avec ce dernier le monde de la peinture, des faussaires et du marché de l’Art. En pointillé, un Diouke, alternativement conquérant ou en perdition, toujours aussi mystérieux et ambivalent, s’impose dans ce huis clos où on pressent le pire tapi derrière la porte. Si l’intrigue et les protagonistes principaux du roman peuvent sembler par moments quelque peu caricaturaux, et que le style dialogué, vif et humoristique employé en rend la lecture légère et agréable, Un vrai salaud est également porteur d’une ambiguïté et d’une angoisse existentielle qui laissent entrevoir une intention moins superficielle qu'il ne paraît. La chute où l’auteur s’amuse à contredire le titre même de son roman en bouleversant l’image de Diouke qu’il a cultivée jusqu’aux toutes dernières pages, vient ainsi bousculer le lecteur de façon magistrale. Le tableau est plus fouillé et plus riche que l’intrigue elle-même et les apparences peuvent s’avérer bien trompeuses. Ce roman acide qui joue avec les clichés du polar et semble ne vouloir que nous divertir est aussi une passionnante immersion dans le monde contemporain de l’Art et une satire de notre société dont la désespérance pointe sous la drôlerie. Dominique Baillon-Lansade |
Retour
Wikipédia |
||||||