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Sur les traces d’Artaud au Mexique
Préambule Ce premier roman est le carnet de voyage de l’auteur sur les pas d’Antonin Artaud qui s’est rendu chez les Tarahumaras au Mexique pour y connaître une extase cosmique, renouer avec soi et l’invisible. Suivre Artaud, quelques décennies après lui, se fait en plusieurs étapes : Le combat de trop-Paris, Comme un second souffle-Mexico, L’intermédiaire et Derrière le fantôme d’Artaud-La Sierra Tarahumara. Celui qui part de Paris n’a plus sa place dans ce monde. « Ce n’est pas que je n’ai plus rien à voir avec le monde sensible, c’est que dans ce monde, je n’ai plus rien à voir avec moi-même. Le monde, par un caprice curieux, s’est abîmé. Il a quitté le nerf et le cœur de la vie. Il a fait de l’incarnation du corps et de l’invisible des ennemis. Il a basculé vers la virtualité – ce rapport paresseux à l’imperceptible. Il est du côté du mensonge. À côté de la plaque de la réalité. Il est suspect. » C’est à Mexico qu’il y a Comme un second souffle. « J’ai l’esprit disponible, libéré de toutes réflexions quotidiennes – relayées à des milliers de kilomètres au nord-est, sur l’autre rive de l’Atlantique. […] Les artères ont des noms qui ne me disent rien. Je me perds dans leurs quadrillages. De quel côté irai-je au prochain croisement ? Jusqu’où ? Et pour faire quoi ? Aucune importance. Je suis libre, c’est L’essentiel. » Dans les pas d’Artaud qui a commencé son séjour mexicain ici, il a quitté le carcan de Paris, la rationalité de l’Occident et commence à reprendre vie dans la ferveur des rues de Mexico et dans les églises, souvent construites sur d’anciens temples aztèques. « Milena n’avait pas tort quand elle disait que le Mexique était loin de la crise (terminale ?) du catholicisme en France. Ici, pas de chute de niveau du cœur, ni de baisse de pouvoir d’âme, ni de réduction de la propension à croire – pour reprendre les termes de quincaillerie de chez nous. » et le visiteur d’ajouter : « Je crois en Dieu par protestation. Et ne crois pas en Lui par dépit – ne pas croire, c’est être semblable au plomb, et se flinguer avec une partie de soi-même, c’est déjà glorieux. » Puis, c’est la remontée vers le Nord du Mexique, vers la terre des Tarahumaras. Guanajuato… Monterrey… Creel… San Ignacio… L’avance en pays indien se fait avec une certaine déception. Ils sont en effet comme avalés par la culture mexicaine, celle de l’occident, avalés par l’alcool et les gangs qui sévissent là. Enfin il arrive à Norogachic. Il trouve à se loger chez le prêtre en échange de menus services. Là, il retrouve la trace d’Artaud, son visa par le fils du guide de l’écrivain et surtout le paysage. L’auteur va danser avec les indiens, va essayer le peyotl dans lequel il ne rencontrera pas les dieux mais ses propres angoisses. Au bout de quarante et un jours de Sierra il arrête le voyage. Un roman ou le narrateur excédé (sortir de, dépasser, s’en aller) par le plomb de Paris va accéder approcher le divin dans la Sierra Tarahumara, avec Artaud pour viatique. Dans les mots du récit on sent la beauté et la force de cette Sierra, immense omphalos, nombril de spiritualité sur lequel naît (plutôt que renaît) la foi du voyageur. Michel Lansade |
Sommaire Lectures Les Équateurs (Août 2019) 200 pages - 20 €
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