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Jørn Lier HORST


L’usurpateur


Voici une nouvelle enquête de l’inspecteur William Wisting. Nous avions bien apprécié sa volonté, sa sagacité et sa sagesse lors des deux précédentes. Une vie privée pas toujours simple, une fille, Lisa  journaliste à V.G., à qui il arrive de traiter des sujets qui sont proches des affaires de son père. Dans ce cas, elle peut apporter sa contribution par ses réflexions pertinentes, ce qui est alors un atout bien apprécié par son flic de père.

L’histoire commence par la découverte – fort tardive – du cadavre d’un vieil homme : « Non seulement parce qu’il n’avait jamais rien vu de semblable, mais parce qu’il connaissait l’homme dans le fauteuil. Ils étaient quasiment voisins. Viggo Hansen habitait dans le virage, trois maisons plus loin, où il était resté mort pendant quatre mois, sans que Wisting ou un quelconque voisin ne s’inquiète pour lui. »

En même temps, on trouve dans une forêt de sapins de Noël destinés à la vente – c’est la période – le cadavre d’un homme, mort apparemment depuis un certain temps lui aussi. La police scientifique pense que le mort a été caché dans les arbres après avoir été tué ailleurs. Et ici : « Six cheveux, des vêtements et des chaussures de marques étrangères et un prospectus de bateau-église résuma laconiquement Mortensen. Ce prospectus est l’élément le plus concret dont nous disposions. Il signifie que le meurtre a probablement été commis après le passage de L’Elida les 9 et 10 août. »

Et le lecteur de comprendre et d’apprécier tout ce qui va, il en est certain s’il a déjà lu cet auteur, l’amener, petit à petit, à attendre les pistes et leurs nombreux détours, et devancer les conclusions ? Or, comme le dit lui-même Wisting : « Mais c’était un début et il savait d’expérience que d’autres éléments viendraient. Strate après strate, l’affaire s’épaissirait. Comme une boule de neige. »

Or, sur ce fameux prospectus, la police va découvrir des empreintes qui appartiennent à un tueur en série recherché depuis des années aux États-unis : le fameux "Étrangleur des autoroutes" soit Robert Godwin
Mais le doute est là. Et un des membres de l’équipe de le formuler ainsi : « Nous avons trouvé ses empreintes digitales. Si ce n’est pas lui qui est mort, cela veut dire qu’il court toujours. »

L’enquête se poursuit, et se déroule au fil de découvertes ou déductions. Le quotidien de l’inspecteur, la visite, chez lui, de sa fille qui travaille sur l’affaire du voisin mort devant sa télé. Elle se pose aussi des questions sur qui pourrait être le mort des sapins.

Alors, les deux  recherches vont-elles se croiser ou rester parallèles ? Ou bien, comme cela est déjà arrivé, dans les précédents romans, est-ce que l’une va apporter de l’eau au moulin de l’autre ? Ce n’est pas certain car il va s’agir dans les différentes étapes, de faire ce tri pertinent que le père, avec son équipe d’une part, et sa fille d’autre part, peuvent éventuellement produire de concert.

 « Quelques pièces du puzzle s’emboîtaient. Le prospectus de l’église flottante faisait partie des preuves que l’homme mort avait recueillies dans sa chasse au tueur en série. »
Et c’est tout le talent de cet auteur que de distiller très habilement les détails importants bien camouflés au creux de découvertes accompagnant les réflexions de ces deux enquêteurs aux moyens différents, mais à l’énergie semblable.

Et tout cela avance à petits pas. Les liens avec la police des États-Unis se précisent et viennent éclairer la police norvégienne.
« – Ça fait plus de vingt ans que Robert Godwin est recherché aux États-Unis, observa  Hammer. Pourquoi débarquerait-il ici maintenant ?
– Il est peut-être ici depuis le début. »

Des informations, des interrogations, et le lecteur se perd en conjectures et pistes possibles. Ces moments de certitudes qui viennent se déliter ou se confirmer et le plaisir en est accentué.
C’est un accompagnement agréable et qu’il est difficile de lâcher…

Et sans pour autant ici non plus, nous priver de certaines réflexions, comme celle du médecin à qui Line parle du cas du monsieur mort depuis des mois. « À quoi sert toute la richesse du monde si nous ne sommes pas capables de nous soucier davantage les uns des autres ? […] Les études montrent que les gens seuls sont plus prédisposés à quasiment tous les types de maladies et d’affections. De la tristesse, l’angoisse et la dépression aux maladies physiques comme les maladies cardio-vasculaires. »

La construction de ce roman est simple et efficace, les réflexions et considérations viennent à propos, le style est clair et simple, on est bien… dans la lecture…
Alors on ne peut que recommander cet auteur, malin, subtil et terriblement sympathique…

Anne-Marie Boisson 
(02/10/19)    



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Noir & polar








Gallimard Série Noire

(Mars 2019)
448 pages - 22,50 €



Folio Policier

(Février 2020)
448 pages - 8,50 €


Traduit du norvégien par
Céline Romand-Monnier









Jørn Lier Horst,
né en 1970 en Norvège,
a publié une douzaine de volumes de la série William Wisting et une trentaine de livres pour la jeunesse. L'usurpateur
est son troisième roman
traduit en français.


Bio-bibliographie sur
Wikipédia








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