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Maëlle GUILLAUD


Une famille très française


Les adolescents ont souvent la dent dure envers leur famille, même quand il s’agit d’une famille aimante et bienveillante. Entre les parents qui en font trop et ceux qui n’en font pas assez, les ados trouvent toujours à redire. Charlotte ne déroge pas à cette règle et découvre chez une de ses copines, la famille idéale. Une famille très française, bien sous tous rapports, tellement plus admirable que la sienne. Du moins aux premiers regards. À y voir de plus près, il y aura matière à quelques déceptions et la belle histoire va prendre une allure bien sombre…

Charlotte est lycéenne dans une petite ville de Haute-Savoie. Son père est breton et médecin.  Sa mère, juive sépharade née au Maroc, est très généreuse, accueillante, expansive. Si volubile et démonstrative que c’est parfois gênant pour l’adolescente qui apprécierait un peu plus de retenue, de discrétion, y compris dans les choix vestimentaires. Faire le marché avec sa mère est devenu une épreuve. Quand, en plus, les rejoint la grand-mère maternelle qui vit à Paris, les traditions envahissent la maison. L’hébreu et l’arabe se mêlent au français, les parfums de gâteaux, de thé à la menthe et d’épices s’échappent de la cuisine. Mais, là, Charlotte est ravie parce qu’elle adore sa grand-mère et que ces joyeuses festivités restent à l’abri des regards, au sein de la sphère familiale.

Quand s’ouvre le roman, une nouvelle élève arrive au lycée. « Charlotte se souvient du premier jour de classe de Jane. Elle avait été frappée par sa manière de s'exprimer. Son langage, les termes choisis ne ressemblaient à aucun autre. Jane avait remonté l'anse de son sac sur son épaule. Un Paquetage en faux cuir grainé noir. Le must ! La marque dont Charlotte rêvait. Elle avait discrètement fait glisser son sac à dos derrière sa jambe et chassé d'un geste maladroit la mèche qui chatouille toujours ses yeux. Les cheveux blonds de Jane, eux, tombent, vaporeux, sur ses épaules. Ses yeux pétillent quand elle sourit. Il se dégage d'elle quelque chose qui déroute Charlotte. Son élégance ? Non, elle est en jean, mais sur elle, tout paraît différent. Jane lui avait demandé si elle pouvait s'asseoir à ses côtés et Charlotte avait accepté, trop heureuse d'avoir la nouvelle près d'elle. »

Charlotte et Jane deviennent très amies. Jane est séduite par l’exotisme oriental de la mère de Charlotte et Charlotte découvre chez Jane une famille parfaite. Le père a beaucoup de charisme et une autorité naturelle, la mère une élégance permanente, le frère est aussi séduisant que séducteur… Ici, « l’atmosphère est légère, détendue », Charlotte aime « ce parfum si particulier, ce quelque chose d'indéfinissable entre ces murs qui l'apaise. Une douceur, une sérénité dans les rapports. Les sourires flottent sur les lèvres, le contentement dans les regards. » Tout est calme, lisse. En surface, du moins…

De graves événements vont se produire et Charlotte va se trouver chargée de secrets trop lourds pour elle. Le roman prend alors des allures de polar, le noir envahit l’espace…

C’est auprès de sa famille que Charlotte pourra trouver l’écoute et la compréhension, l’amour et la protection dont elle a besoin. Au fil des événements, son regard sur les apparences familiales gagne en profondeur, l’adolescente découvre la complexité de l’âge adulte. Rien n’est simple, rien n’est parfait. Il faut tracer son chemin parmi les contradictions. « J'ai fait d'eux une famille idéale dans laquelle je pouvais me lover, je les voyais comme ils aiment à se présenter, ou comme j'avais envie qu'ils soient, une famille très française qui malgré moi m'ensorcelait. »

La construction en courts chapitres permet de passer rapidement d’une famille à l’autre, d’un personnage à un autre, de confronter les univers et les points de vue. Certaines scènes dégagent une émotion très forte quand d’autres laissent place à l’humour ou à la violence. L’écriture, au plus près des pensées de Charlotte, tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.

Serge Cabrol 
(11/02/19)    



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Héloïse d’Ormesson

208 pages - 17 €







Maëlle Guillaud,
est éditrice. Une famille très française est son deuxième roman. Le premier, Lucie ou la vocation, mettait en scène une jeune femme qui abandonne une classe de prépa littéraire pour entrer dans un couvent. (Pour plus d’informations cliquer sur les couvertures)


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