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Teju COLE


Chaque jour appartient au voleur



Le narrateur vit à New York. Né au Nigéria, il décide de retourner à Lagos après une absence de 15 ans. « C’est long, quinze ans loin de chez soi. Et ça paraît d’autant plus long que j’étais parti en disgrâce. »

Son voyage commence au moment de la demande de visa au Consulat. Il réalise qu’il est encore aux USA mais que les pots de vin sont indispensables si l’on veut obtenir rapidement le papier obligatoire.
Lorsqu’il arrive au Nigéria, partout de grands panneaux anti pots de vin jalonnent les rues de Lagos. « Et je me demande combien d’argent public a été englouti par l’entrepreneur qui a décroché le contrat pour ces panneaux. »

En allant au cybercafé, il voit ses voisins de table taper avec un doigt les e-mails d’escroquerie, surnommée « 419 », envoyés dans le monde entier.
Il dénonce aussi les braquages à domicile « extrêmement courants à Lagos dans les années 1990, et cela arrive encore, quoique moins fréquemment ».

À l’école, les athées sont mal vus : « – Un humaniste, c’est quelqu’un qui ne croit pas en Dieu. C’est ce qu’on nous a expliqué en cours. » La religion joue un rôle essentiel dans la vie des Nigérians même si elle est basée sur du mensonge : « dès lors que vous avancez dans la foi, plus jamais vous ne serez malade. ». Les  révérends sont très riches alors qu’une énorme pauvreté gangrène le pays : « Le révérend Olakunle possède plusieurs Mercedes. Il n’est pas certain qu’il vive aussi glorieusement que le révérend Michaël, lequel, comme chacun sait, possède à la fois une Rolls et un jet privé, loué soit le Seigneur. Mais lequel, inexplicablement, vient de mourir. Les voies du Seigneur sont impénétrables. »

La pauvreté pousse des enfants à voler mais les commerçants du marché peuvent se défendre et se venger comme ce garçon de 11 ans, brûlé vif dans un pneu.

Vivre à Logos demande de l’énergie car il faut sans cesse être prudent face à différents dangers. Se déplacer est compliqué et risqué sur les motos taxis sur lesquels il n’y a aucune protection. Les pannes d’électricité, les coupures d’eau compliquent le quotidien. Lire et écrire, se reposer au milieu du bruit des générateurs est quasiment impossible.

Le narrateur visite le Musée National et il sera déçu de voir dans quel état il se trouve. « Manifestement, personne ne se soucie de ces œuvres. Et il y a de telles lacunes dans la collection qu’on est tenté d’imaginer un pillage récent. » Les beaux objets d’art sont appréciés dans le monde entier mais sont absents à Lagos. Ils se trouvent dans les musées de New York, de Londres, de Berlin… qui mettent en valeur l’art africain mais à Lagos le musée n’est pas à la hauteur de ses richesses artistiques qu’il a laissé partir à l’étranger.

Nous suivons le personnage dans son retour au pays natal. Son père est mort et sa mère ne vit plus au Nigéria. Il retrouve sa tante et une partie de sa famille.

Il est à la fois déçu par la situation et le fonctionnement de son pays mais il a aussi beaucoup de respect pour ses compatriotes et son pays auxquels il est attaché : « Nous ne sommes même pas encore partis que déjà quelque chose me ramène à cette ville, à ce pays. »

L’écriture est très agréable et c’est un roman qui donne une bonne idée de la vie en Afrique avec ses solidarités, ses difficultés, ses contradictions, son dynamisme, sa résistance face aux problèmes rencontrés et ses particularités.

Brigitte Aubonnet 
(07/08/19)    



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Teju  COLE, Chaque jour appartient au voleur
Zoé
192 pages - 19,50 €

Avec 20 photographies
prises par l'auteur
durant son séjour à Lagos



Traduit de l’anglais
par Serge Chauvin








Teju Cole,

né en 1975 aux États-Unis, a grandi au Nigeria, d’où ses parents sont originaires. Écrivain, historien de l’art et photographe, il vit aujourd’hui à Brooklyn.