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On l’aura compris : Pense aux pierres sous tes pas relève de la fable autant que du roman. On y est avec un père et une mère empêchés d’aimer car les mots d’amour se marient mal avec la lourdeur de leur travail – on pioche, on bine, on laboure dans cette fable. On y est avec un frère et une sœur qui sont jumeaux. Eux s’aiment, s’aiment de cœur et de chair, s’aiment comme personne ne s’aime, comme personne n’a le droit de s’aimer. Alors, on les sépare. La fable suit leur vie. D’abord ensemble, ensuite séparés, ensuite réunis. En parallèle, la fable montre la vie comme elle ne va pas et il est évident qu’Antoine Wauters dénonce là la férocité du monde absurde dans lequel nous nous trouvons. Chaque dictateur impose sa force et ses valeurs, lesquelles forces et valeurs rappellent celles du capitalisme : il faut par exemple chasser les paysans de leurs terres pour construire des supermarchés, abolir les légendes et les soirées où elles se racontent pour envahir les demeures de télévisions. Il faut faire consommer. Le nouveau règne sous lequel vivent les jumeaux réunis sera celui-ci : l’ère de la consommation à outrance. Mais il y a la pierre, les pierres, celles du titre de la fable. Il y a la terre que quelques paysans ne veulent pas oublier. Ensemble, grâce à un étonnant personnage de femme, ils vont s’organiser et lutter, faire leur révolution à eux. Ils vont ainsi bâtir un monde de résistance qui, là encore, peut rappeler notre monde réel : ces îlots d’hommes et de femmes luttant ici et là, en France ou ailleurs, pour préserver quelques territoires – empêcher la construction d’un aéroport, d’une centrale nucléaire, ce que le monde moderne semble réclamer quand certains, heureusement, pensent comme Antoine Wauters aux pierres sous leurs pas. Amour et résistance, amour et terre. Ce roman, cette fable, est un hymne à la désobéissance. Isabelle Rossignol |
Sommaire Lectures Verdier (Août 2018) 192 pages - 15 €
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