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Nicolas VESCOVACCI et Jean-Pierre CANET


Vincent Tout-Puissant


« Sans liberté d’expression il n’y a pas de monde moderne, il n’y a qu’un monde barbare » nous rappelle Ai Weiwei lors de l’exposition qui lui a été consacrée au Mucem à Marseille cet été.
Est-ce le monde qui nous attend ? La concentration des organes de presse dans les mains de gros industriels pose problème pour la démocratie et la liberté d’expression. Les journalistes d’investigation jouent un rôle essentiel pour nous informer de certaines dérives, des censures qui s’appliquent aux enquêtes qui dérangent, des procès intentés contre eux ou leurs rédactions pour leur faire peur et tenter de museler ainsi  leur parole.

« Le conflit d’intérêt est pour nous l’un des maux de la République. » selon Nicolas Vescovacci et Jean-Pierre Canet.
Leur enquête se lit comme un polar pour analyser les multiples facettes d’un personnage omniprésent dans différents domaines.

Après la censure de leur enquête sur le Crédit Mutuel-CIC qui n’a pas pu être diffusée sur Canal+ alors qu’elle était programmée, les deux journalistes ont souhaité comprendre le fonctionnement de Vincent Bolloré qu’ils comparent à un boa. « Le boa n’étouffe pas. Il coupe la circulation sanguine de ses proies. Quelques secondes cachées dans ses replis et c’est la mort assurée. » Le reportage sera finalement diffusé sur France 3.

« L'affaire du Crédit Mutuel, qui marquera l'entrée de Vincent Bolloré dans nos vies, naît à la lecture banale d'un article de Mediapart, un jour de mars 2015. Depuis plusieurs mois notre confrère Geoffrey Livolsi suit de près cette affaire dans laquelle une information judiciaire pour "blanchiment de fraude fiscale" a été ouverte à Paris. »

Les deux journalistes nous montrent les liens entre les politiques et les grands industriels ainsi que les montages financiers qui permettent de mieux contrôler les entreprises. Les stratégies les plus complexes sont présentées avec le plus de clarté possible car les grands industriels ont de nombreuses idées pour réaliser le maximum de bénéfices. Les interventions du groupe Bolloré en Afrique sont notamment présentées en ayant recours à de nombreux extraits de presse.
 
Nous comprenons mieux aussi ce qui s’est passé concernant Canal + et la bataille que les journalistes doivent mener pour avoir encore le droit d’informer. Le secret des sources est aussi indispensable :
« C'est l'article premier de la loi : tout journaliste a le droit de refuser toute pression, de refuser de divulguer ses sources et de refuser de signer un article, une émission ou une contribution dont la forme ou le contenu auraient été modifiés à son insu ou contre sa volonté. Le droit d'opposition est un premier pas. Mais à ce jour, nous attendons toujours un texte qualifiant clairement la censure dans la loi française. »

Pour l’instant la loi protège en partie les journalistes mais vu la concentration des organes de presse il est essentiel de réagir : « La concentration des médias entre les mains de quelques "puissants" — quels qu'ils soient — n'est pas une bonne nouvelle pour la démocratie. C'est un risque à ne pas négliger. Bien sûr la presse a besoin de capitaux pour vivre, mais elle ne doit pas y perdre son âme. Il nous paraît essentiel que ce débat soit relayé dans la société française. II concerne tous les citoyens, pas simplement les journalistes. C'est à nous tous de nous emparer de la question de l’indépendance éditoriale des médias et de l'imposer comme une res publica, une chose publique. »
Voilà pourquoi ils se sont regroupés dans le collectif Informer n’est pas un délit.

C’est un livre à lire absolument car la démocratie est à défendre plus que jamais. Les cinq parties de l’ouvrage montrent bien comment peut se constituer un empire industriel avec l’objectif de posséder aussi des médias, y compris les journaux gratuits du métro, ce qui permet de donner des informations qui privilégient les intérêts personnels et industriels.  

Brigitte Aubonnet 
(25/09/18)    



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Lectures








Jean-Claude Lattès

(Janvier 2018)
400 pages - 20 €










Nicolas Vescovacci



Jean-Pierre Canet

Les auteurs sont de ceux qui ont implanté le journalisme d’investigation à la télévision. Nicolas Vescovacci est l’auteur d’une enquête remarquée sur le Crédit Mutuel ; Jean-Pierre Canet est un des fondateurs de Cash Investigation avec Elise Lucet dont il a été le rédacteur en chef à Envoyé Spécial. Tous deux font partie du collectif Informer n’est pas un délit.



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