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Elle est là, dans les bois, sans qu’on sache pourquoi (on en saura très peu sur elle), et elle rencontre, entre autres, Andronica, une femme enceinte de jumeaux, très proche du terme de sa grossesse, qui a été violée par un homme avec qui elle faisait la route depuis quelque temps. Un soir le désir de l'homme a été plus fort et elle n'a pas pu lui résister. Andronica conduit la narratrice jusqu’à un campement où elle veut accoucher dans la roulotte des femmes. L’accouchement est violent et douloureux. Elle nomme son premier enfant Achille. Quand arrive le second, elle s’évanouit et c'est une vieille femme qui le prénomme Auguste. Un peu plus tard, Andronica se réveille et allaite ses petits, furieuse : elle voulait appeler son deuxième fils Ido et pas Auguste. Andronica met quelques affaires dans une valise à roulettes, attache ses enfants sur son ventre et sort de la roulotte, toujours suivie par la narratrice. En partant, la narratrice à une vision plus précise de l'endroit où elle se trouve. Andronica veut retrouver le père des jumeaux et lui faire admettre, devant témoins, qu'ils sont bien de lui et qu’il accepte que le second soit prénommé Ido et pas Auguste. C’est cette quête qui constitue le cœur du roman. Les deux femmes vont croiser beaucoup de monde – travailleurs, prostituées, migrants, vendeuses de beignets ou d’épis de maïs... – et le récit se poursuit dans une alternance de moments tendres et d'épisodes violents. Elles vont aussi se trouver mêlées à une manifestation contre l'arrestation de deux ouvriers sans-papiers. Lors de cette scène, on pense à Brecht, à ce théâtre qui fait entendre la voix de ceux qui souffrent trop souvent en silence. Les cris des ouvriers résonnent comme un chœur antique pour ponctuer les tirades d’Andronica qui les harangue avec un mégaphone. Grâce à ces rencontres, après de multiples péripéties, la narratrice retrouvera enfin sa voix et sa place en un lieu où nous comprendrons alors le titre du livre. C’est un premier roman original, puissant, avec des voix de femmes fortes, une écriture souvent orale, incantatoire, qui pourrait être mis en scène avec bonheur par quelqu’un de la trempe d’Ariane Mnouchkine. Pour le moment, le livre est déjà disponible à la lecture silencieuse, une expérience à ne pas manquer… Serge Cabrol (15/10/18) |
Sommaire Lectures Serge Safran (Septembre 2018) 224 pages - 17,90 €
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