Dernier été
Cette nouvelle évoque Frédéric Bazille, le jeune peintre impressionniste mort à 28 ans pendant la guerre de 1870 où il s’était engagé comme zouave contre l’avis de ses proches et notamment de Renoir qui lui écrit « Tu es un imbécile si tu prends cet engagement. Trois fois merde, archibrute ! ».
Le narrateur est le soldat qui a recueilli les deniers mots de « son lieutenant » mais aussi la bague que Bazille portait au doigt. « La chevalière du lieutenant, je l’avais un peu estourbie. Je me suis juré que si je m’en sortais, j’irais droit la porter à son père. Même cul-de-jatte, j’y serais allé. » Ce qu’il a fait. Et maintenant, il est venu rencontrer Zola pour lui livrer les dernier mots de Bazille : « Famille… connerie… ». Dans une langue populaire bien rendue par l’auteur, le narrateur, raconte à l’écrivain la mort du peintre à Beaune-La Rolande, près de Montargis, et le transport du corps par le père venu le récupérer pour le ramener à Montpellier. Le narrateur fait aussi le récit de son propre voyage à Montpellier pour porter la bague, un voyage à pied aux multiples rencontres… Mais pourquoi est-il venu rencontrer Zola ?

Trimard (Librement inspirée des Contes doux de Léo Malet)
Nous voici à Lyon ou un « poète vagabond malandrin » trouve un emploi de manœuvre pour une tâche qui n’est pas sans risque. Et si un ouvrier a un accident du travail, le plus simple n’est-il pas de le jeter dans le Rhône ? Le narrateur enquête…

Achiltibuie se déroule au Royaume-Uni.
Annie, la narratrice, est détective privée à Coventry.
Un homme lui demande de jouer un rôle de médiatrice avec sa mère qui vit dans les Highlands et refuse de le revoir. Nous suivons Annie en Écosse pour son étrange mission.

Série B
Plus près de nous, à Argenteuil, un livreur de pizzas rencontre un ancien acteur de séries B en Amérique, victime du maccarthysme, qui n’a pas réussi à relancer sa carrière en France et vit maintenant dans un taudis au milieu des souvenirs de sa gloire passée.
Le vieil acteur embarque le jeune livreur naïf dans le tournage d’un dernier film…

Nature morte
Un vieux flic reprend contact avec un délinquant dont la mère se fait beaucoup de souci. Le policier n’a plus rien à perdre alors que le jeune homme pourrait avoir la vie devant lui. Au cours d’une aventure pleine d’action et de rebondissements, le policier va jouer sa dernière carte.

Bookcrossing
Le narrateur est dans un bistrot, non loin du Marché aux Puces où il chinait des disques avant d’être SDF. Sa pensée vagabonde, décrit les habitués, évoque les souvenirs des uns et des autres, pas seulement des souvenirs de Venise ou d’ailleurs. « Les souvenirs des gens d’ici n’ont rien de déméritant ! Fraisés, tournés, abrasés ce sont des mémoires d’ateliers, de labeur, de fatigue. Savez-vous la peine des hommes quand elle courbe le dos comme des tôles ? Connaissez-vous cette joie étrange que le travail plante au cœur à certains instants ? J’exagère ? Questionnez ceux qui n’en ont plus… »

Au fil de ces six nouvelles, on retrouve avec émotion l’écriture et l’univers de Patrick Pécherot, romancier de la Série Noire, ses personnages populaires, curieux, roublards ou naïfs, avec leur langue simple et imagée, parfois un peu rétro, bien adaptée à l’époque et au milieu où se déroule l’action. Un recueil qui confirme que la nouvelle est un genre riche, divers et toujours vivant. Un régal pour les amateurs.

Serge Cabrol 
(16/04/18)