Retour à l'accueil du site





Michel OTS


Plaire aux vaches


Ce livre publié en 1994, donne un regard très intéressant sur les éleveurs et sur tout ce qui tourne autour de l’élevage des vaches. Bien plus, qu’un ouvrage sur cet animal producteur de lait et de viande, c’est une réflexion sur la société et ses orientations notamment en matière d’élevage et d’agriculture. Quelle société voulons-nous ? Comment vivre en harmonie avec la nature ?
« Aucune vache ne refuserait de se laisser choyer. La vache est un animal doux, docile, et généreux. Sa générosité lui a valu de se faire reléguer dans le secteur de la production malgré tout ce que cela implique de déchéance de nos jours.
Le savoir technique des uns et l'ignorance des autres se donnent la main pour conduire l'être au néant. Pourtant avec un brin d'audace, de disponibilité et de sensibilité, il devrait être possible de se placer au centre de relations harmonieuses. Rien que pour retrouver la chaleur de son corps, l'odeur d'une étable et la saveur du lait, cela vaut la peine de refaire le monde."

À travers le mode d’élevage des vaches et leur comportement, Michel Ots aborde le fonctionnement de la société comme par exemple le fait de les amputer de leurs cornes. « Sans corne parce que l’usage veut qu’on les en ampute pour leur faire supporter des conditions de stabulation inadéquates sans s’éventrer. Elles n’en sont pas moins dangereuses pour autant. D’un naturel craintif, privées de défense, elles ont au contraire parfois des réactions inattendues. Les cornes sont en fait le siège d’une production hormonale indispensable au développement de leur personnalité.»

Les impératifs économiques qui prônent la rentabilité correspondent à un choix de société.
« La logique marchande ne permet plus ensuite de se passer d’avantages concurrentiels aussi pervers soient-ils. »
D’autres voies que celle de la seule logique économique sont possibles :
« Les premiers adeptes de l’agriculture biologique ont fait preuve d’un bel esprit pionner. »
Mais le système capitaliste résiste :
«  Il a bien été interdit de parler patois ! Et de nos jours, interdiction est faite aux céréaliers de reproduite leur semence ! Un cartel de multinationales s’en réserve le droit. »

Des proximités avec les comportements humains nous interrogent sur les dérives actuelles qui gangrènent les sociétés contemporaines : « Seuls les animaux de second rang dans leur hiérarchie s’avèrent plus agressifs envers plus faible qu’eux. »
 
La situation des paysans – que des autrices comme Marie-Hélène Lafon ou Stéphanie Chaillou ont évoquée dans leurs romans – est bien compliquée à vivre car la solitude et l’exclusion existent de plus en plus :
« Avec l’introduction de la mécanisation, l’agriculture a changé d’échelle. Elle a basculé dans le monde fractionné de la modernité et troqué son autosuffisance séculaire pour une spirale d’exclusions. »

Michel Ots décrit très bien cette situation, ce qui rend son ouvrage passionnant et ouvre sur de multiples questionnements qui enrichissent la réflexion.

Brigitte Aubonnet 
(20/08/18)   



Retour
Sommaire
Lectures








Atelier du gué

128 pages - 10 €














Découvrir sur notre site
un autre livre
du même auteur :


Le retour de Babeuf