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Philippe HAURET


Je suis un guépard


Employé dans un open space au trente-septième étage d’une tour de La Défense, Lino mène une existence plutôt terne, seul, sans beaucoup de contacts ni grande ambition. Jusqu’au jour où il rencontre Jessica. Il n’imagine pas à quel point l’instable et fascinante jeune femme va changer le cours de sa vie. Pour le meilleur et pour le pire…

Après un prologue où l’on comprend pourquoi depuis son service militaire, Lino a été dégoûté des armes à feu, on le retrouve vingt ans plus tard dans son quotidien étriqué d’employé au tri de documents sans intérêt, passant son week-end seul dans son appartement avec deux packs de bière pour tromper son ennui.
Le soir, heureusement, il retrouve son ordinateur pour donner libre cours à son imagination.
« Écrire était son seul moyen – si on exceptait l’alcool – d’évacuer la pression, d’extérioriser ses petites aliénations quotidiennes et de s’en débarrasser en les transposant sur le papier. […]
Les héros de ses histoires étaient en général des loosers, des laissés pour compte, chômeurs dépressifs, employés neurasthéniques ou trentenaires infantiles. À la différence que sous sa plume, ses personnages se mettaient à exister vraiment, changeaient de dimension, s’émancipaient, et prenaient leur revanche sur la vie. »

Un soir, en rentrant chez lui, il voit un SDF endormi sur son pallier. Cette présence le perturbe, le dérange. Son immeuble n’est pas un centre d’accueil, il y a des lieux mieux équipés pour recevoir les personnes sans domicile.
« Il posa ses courses et tapota son épaule avec précaution.
– Faut pas rester ici, monsieur.
L’individu releva la tête.
Merde, une femme ! se dit Lino. Il se détendit légèrement. Elle ne répondait toujours pas.
– Vous comprenez le français ? Vous pas pouvoir rester là.
– Tu me prends pour une demeurée ?
[…]
C’est alors qu’il se remémora un reportage télé sur les sans-abri.
– Pourquoi vous appelez pas le 115 ?
– J’arrête pas… C’est toujours occupé.
Ça aussi, ils le disaient dans le reportage… »

Finalement, il décide de la laisser tranquille sur le palier mais il ne peut s’empêcher d’y penser et l’idée le dérange. Cette situation dure plusieurs jours mais, comme il est plutôt gentil garçon, il finit, un soir, par lui proposer un morceau de pizza. C’est la première phalange du doigt glissé dans l’engrenage. Elle s’appelle Jessica, elle demande à utiliser ses toilettes, il lui propose de dormir sur le canapé…

Elle raconte son parcours, le départ de sa mère quand elle avait douze ans, la violence de son père, quand elle courait dans les rues pour lui échapper en se répétant « Je suis un guépard, je suis un guépard… »
Malmenée par la vie, elle a des revanches à prendre, des envies, des rêves, des désirs.
La petite vie tristounette de Lino n’a rien d’enthousiasmant et elle va peu à peu l’en convaincre.

Mais Lino n’est pas la seule proie du guépard. Quand elle rencontre Melvin, un homme riche et charmant, « prolo autodidacte » qui a bâti un florissant commerce de vêtements, elle comprend vite l’intérêt de cette nouvelle cible même s’il est en couple avec la belle Charlène.
Qui peut résister à l’appétit d’un guépard ?

Philippe Hauret met en scène des personnages attachants, dont il creuse les portraits, nous faisant peu à peu découvrir le passé, les failles, les souffrances de chacun, leurs rêves, leurs désirs, les revanches sur la vie qui motivent leurs actes quand certaines occasions se présentent. Comment chacun sortira-t-il de ce jeu pervers et violent ? Suspense !

Avec cette belle pierre noire ajoutée à son parcours, Philippe Hauret est décidément un auteur à suivre. C’est déjà son troisième roman, une œuvre est en construction, sombre et humaniste à la fois. Un cocktail qui fonctionne à merveille.

Serge Cabrol 
(09/08/18)    



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Noir & polar










Editions Jigal
(Mai 2018)
216 pages - 18 €












Philippe Hauret,

né en 1963, a eu un parcours plutôt chaotique avant de devenir bibliothécaire. Il signe ici son troisième roman.





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le précédent roman
du même auteur :

Que Dieu me pardonne