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Simonetta GREGGIO


Elsa mon amour


Heureux ceux qui s'embraseront
Au-delà des lèvres
Au-delà des confins du plaisir
Pour se nourrir des rêves.

J'ai entendu Simonetta Greggio prononcer d'une manière gourmande et amoureuse le nom d’Elsa Morante à l'italienne, évidemment, le « s » d’Elsa sifflant et le « r » de Morante roulé, et rien que cette façon de dire, comme le prénom de la personne aimée tant de fois répété, redonne vie à l'écrivaine de La storia, inoubliable.

Si Elsa mon amour est une œuvre de fiction – car « Notre vie réelle est plus qu'aux trois quarts composée d'imagination et de fiction » (Simone Weil) – chaque chapitre succède à un bref rappel de faits historiques dans la vie d’Elsa, puis Simonetta Greggio donne la parole à Elsa qui dit « je » et on écoute la voix de cette femme extraordinaire, belle, passionnée, écrivaine de génie – « J'écris depuis que j'existe. Avant de savoir écrire, j'écrivais déjà. J'étais écrivain dans le ventre de ma mère. Avant de naître, j'étais écrivain » –, amoureuse folle de son très détaché mari, Moravia, et de quelques autres qui l'ont faite souffrir tout autant : Visconti où ce jeune peintre new-yorkais, Bill, qui finira par se tuer.

On entend Elsa se battre comme une lionne pour survivre dans la misère, pour écrire, pour se faire aimer, pour sauver Moravia de la déportation, pour vivre, écrire, aimer et encore écrire.

Poésie, trivialité, lucidité, intelligence, sensibilité, tout nous est rendu grâce à cette parole donnée émaillée de citations « vraies ».

Chaque évocation du passé démarre dans la maison, Via del Babuino à Rome, où Elsa vit depuis 1960 et elle est morte. Il peut, les odeurs du jardin, des mandariniers, la présence des chats, de la chienne Neve, accompagnent Elsa dans le récit de sa vie mouvementée. Alors le passé éclate avec toute la violence avec laquelle il a été vécu : on est secoué par ce destin d'artiste qui va en rencontrer tant d'autres, on écoute, fasciné, la voix d’Elsa qui nous envoûte et l'on se surprend à murmurer : Elsa mon amour.

« Je voudrais que ceux qui penseront à nous après notre mort sachent que nous avons fait l'amour, dansé, chanté et ri. Je voudrais que l'on se souvienne que nos corps étaient chauds, nos cœurs troublés, nos amours volées. »

Sylvie Lansade 
(24/09/18)    



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Lectures








Flammarion

(Août 2018)
240 pages - 19 €







Simonetta Greggio
née à Padoue en 1961,
a déjà publié
une quinzaine de livres.




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