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Le club des vieux garçons
La famille de Rupignac est de vieille noblesse. S'il ne reste plus trace de leur château détruit par les guerres successives, le duc, général à la retraite, et sa femme se sentent les héritiers de valeurs et de principes en voie de disparition qu'ils tiennent à défendre et à transmettre. Ce n'est que peu le cas de leur fils, un homme plus absorbé par sa vie professionnelle que par l'éducation de son rejeton François, un gamin décalé depuis toujours et en rupture avec le système scolaire. Le gamin sera donc placé dans une luxueuse pension privée. Ses week-ends, c’est le plus souvent chez ses grands-parents paternels très attentifs à leur unique petit-fils porteur de tous leurs espoirs qu'il les passera. L'appartement du faubourg Saint-Germain où vivent la duchesse farfelue et l’éminent général semble l'endroit où l'enfant est le plus à son aise. L'originalité d'un autre temps et le verbe haut de ses deux aïeux charment et ravissent l'étrange garçon. En pension, François, pour la première fois, se fera un ami véritable, un complice de chaque instant en la personne d'un garçon cultivé, mystique ou rebelle à ses heures, nommé Pierre. Un comparse plein d'imagination et d'audace qui comme lui se plaît à se considérer différent, extérieur, voire supérieur à ce monde vérolé par l'ennui et la médiocrité. La fréquentation assidue de ces grands-parents hors du commun et de l'oncle Albert, un célibataire misanthrope, buveur repenti et chasseur de zèbres ou de cerfs, marquera l'enfant du seau indélébile de la nostalgie. Cette éducation surannée déconnectée de la réalité qui travestit l’adolescent en vieille figure historique avant même qu'il n'ait eu le temps d'être jeune, ne pourra que développer les penchants naturels de celui qui « aime les feux de cheminée, les couchers de soleil, les chaussettes montantes, l'humour anglais et les vestes d'intérieur. La littérature, aussi. Et la contemplation. » Déjà vieux garçon dans l'âme tandis qu'il suit en dilettante des études de droit, François inadapté, précocement désabusé, faisant fi du souhait maintes fois exprimé par le général de voir son petit-fils assurer la pérennité de son nom et enrichir l'arbre généalogique des Roupignac, rejette en bloc toute idée de carrière et de couple qui le forceraient à intégrer la société. C'est alors qu'avec Pierre ils imaginent de créer le "Club des vieux garçons". Une société secrète qui réunira chaque semaine dans le salon de la duchesse les marginaux de bonne famille incapables ou refusant de s'adapter à la société moderne. La seule contrainte étant d'être célibataire par choix et de ne jamais y parler de politique ou de travail. L'information circule vite et une joyeuse bande d'originaux qui ne dédaignent pas la dive bouteille et pratiquent la farce de potache à grande échelle se constitue. Quand la maladie d’Alzheimer transforme progressivement la duchesse à laquelle François est très attaché en fantôme et que Pierre quitte le navire pour endosser l'habit de moine, François fragilisé et un peu las se surprend à douter de l’intérêt de poursuivre ce club qui a fait son quotidien depuis presque dix ans. Une période de solitude et de vacuité difficile à vivre s'en suivra .Mais soudain une jeune fille « avec un accent belge à décoller les moules de leur coquille » pousse la porte du bar et…
Ce roman met en scène avec beaucoup de fantaisie le parcours initiatique et chaotique d'un héros condamné par les siens à ne pouvoir jamais être ni comme les autres, ni lui-même. Avec la création du "Club des vieux garçon", le scénario vire au joyeux délire, usant et cumulant situations cocasses et péripéties. Le roman s'anime alors d'un souffle d'insoumission libertaire et une critique à peine feutrée de notre civilisation consumériste et sans idéal s'y glisse. Louis-Henri de La Rochefoucauld, s'il tient avec Le club des vieux garçons un sujet original lui laissant toute latitude pour exprimer sa fantaisie, use pour ce livre d'un style en parfaite adéquation avec ses intentions : conjuguer élégance, légèreté et réflexion pour se dire, décrire l'aristocratie moribonde et notre monde d'aujourd'hui. Dominique Baillon-Lalande (05/04/17) |
Sommaire Lectures ![]() Stock (Février 2017) 250 pages - 20 €
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