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« Le vrai amour peut être éternel rien que par le souvenir d'avoir vraiment aimé. » Gwangsu devrait être au comble du bonheur. N’a-t-il pas épousé Sonyong qu'il aime depuis le premier moment où il l’a vue, il y a de cela treize ans ? C'est une bien impertinente histoire d'amour que nous raconte Kim Yeonsu. Une illustration humoristique et féroce de la théorie stendhalienne de la cristallisation. C'est quand il voit Sonyong mariée à son meilleur ami que Jinu, célibataire endurci et séducteur incorrigible, s'éprend de la mariée qui a pourtant été sa petite amie il y a treize ans. Alors que Dieu sait s’il discourt volontiers sur le mariage qu'il considère comme « un fouet qui jette les gens dans le système pour faire tourner la grande roue du capitalisme » et sur les femmes qu'il a aimées comme « des cartes que j'ai déjà jouées au poker. Je ne sais pas quelles cartes je vais avoir en main, mais une chose est sûre, c'est que je n'aurai aucune de celles qu’on a déjà jetées sur la table. » Et pourtant ! Quand Gwangsu, avec malice, lui présente sa future femme, il ne reconnaît même pas Sonyong qu'il a déjà « jetée », il y a treize ans. Un vif jeu de ping-pong s'instaure entre les protagonistes qui, comme dans le théâtre de Marivaux, seraient les tenants d'une « querelle » sur l'amour où l'un jouerait la foi du charbonnier et l'autre le sceptique, tous les deux mis à l'épreuve par Sonyong jusqu'à sentir leurs convictions chanceler. Les réflexions qu'ils portent tous les trois sur leurs sentiments : désir, amour, jalousie, et sur leurs expériences : coups de foudre, ruptures, chagrins d'amour, sont tour à tour subversives, drôles, émouvantes, amères, subtiles et tellement justes ! On avance dans le roman comme sur une sorte de nouvelle carte du Tendre dont les stations, les chapitres, portent en exergue une des phrases qu’ils renferment : « Le bonheur arrive en voltigeant, tiens donc !... », « Je ne connais pas d'expression plus triste que "la dernière fois" », « Ce qu'on découvre quand on dit qu'on aime », et celle que je préfère : « Quand la neige fond, où s'en va la couleur blanche ? » qui rend compte à la fois de la légèreté ironique et de la tendre mélancolie de ce roman. Sylvie Lansade (14/06/17) |
Sommaire Lectures Serge Safran (Avril 2017) 208 pages - 18,90 € Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet
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