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Max ALHAU

Des traces dans la mémoire



Les nouvelles de Max Alhau aiment à basculer dans le fantastique et l'étrange. Les choses commencent dans un cadre quotidien le plus souvent anodin, une ville aux allures tranquilles, ou encore un appartement que le personnage principal habite depuis fort longtemps. Qu'il s'agisse d'un narrateur envahi par le souvenir d'une mésaventure ou d'un personnage évoqué à la troisième personne, l'intériorité des protagonistes relève, elle aussi, de l'ordinaire, de situations et de sentiments qui nous sont familiers. Lors d'un retour à Barcelone, le narrateur se souvient de sa rencontre dans cette ville, il y a des années, avec une artiste prénommée Monserrat. Leur relation s'était achevée sur une lettre restée sans réponse. Le retour à Barcelone et une conversation avec le frère de Monserrat ne feront qu'épaissir le mystère enveloppant cette femme et les raisons de leur rupture. La mort d'un inconnu lors d'un carnaval dans une ville de province fait tomber les barrières entre passé et présent lorsqu'il s'avère que l'individu en question était né en 1868 et avait disparu sans laisser de traces en 1896. Un homme prend le train pour aller visiter un musée, mais part sans emporter avec lui le numéro de téléphone qui lui permettra de se mettre en contact avec son logeur. On glisse à l'intérieur d'une situation kafkaïenne, où le protagoniste se trouve arrêté, accusé d'une agression qu'il n'a pas commise. Un rendez-vous oublié devient un jour qui s'est mystérieusement ôté du calendrier du narrateur. Des retrouvailles avec des amis dans une ville inconnue deviennent la source d'une perte des repères ; le personnage n'est même plus certain de l'adresse de l'hôtel où il est descendu. Comme dans plusieurs autres nouvelles, le train est un thème récurrent comme menant au lieu où le protagoniste est soudain coupé du réel. Parfois le fantastique s'absente pour faire place à des situations que le lecteur est amené à comprendre seulement à la fin, après  avoir partagé l'expérience du personnage. Ainsi le lecteur se trouve plongé dans l'inquiétante intériorité d'un vieil acteur dont la carrière s'est brisée alors qu'il interprétait le rôle de l'oncle Vania. Une explication rationnelle est suggérée au fur et à mesure que l'on découvre qu'il est en train de perdre la mémoire. Un médecin se retrouve à l'hôpital face à son ancien bourreau en fin de vie. Confronté au patient qui est sous morphine, le médecin est submergé par le souvenir des séances de torture qu'il a subies du temps de la dictature, alors qu'il n'avait que vingt ans. Max Alhau retrouve dans Des traces dans la mémoire la veine de l'étrange et de l'insolite qu'il affectionne et aime à explorer.


Max ALHAU et Michel LAMART

La porte condamnée


Avec La porte condamnée, Max Alhau et Michel Lamart se sont livrés à un exercice d'écriture à quatre mains. L'un des deux auteurs commençait une nouvelle que le deuxième continuait ou terminait. Ils se mettaient d'accord sur un début, sans pour autant convenir ensemble de la suite que prendrait la nouvelle. L'avant-propos explique que le projet a été rendu possible par la similitude des univers de chacun des auteurs, tous les deux marqués par le réalisme fantastique. On retrouve le mystère des trains avec la première d'entre elles, intitulée "Le cimetière des locomotives". Plus loin, c'est une étrange absence d'état civil, à laquelle le narrateur devra remédier. Un autre veut rentrer chez lui après une soirée où il a un peu bu. Il découvre en poussant la porte qu'un musicien a pris possession de son appartement. Celui-ci lui demande des comptes, piqué d'avoir été représenté dans l'une des nouvelles écrites par le narrateur. Un autre personnage est assailli par des courriers qui contiennent des cibles de fêtes foraines. La nouvelle qui donne son titre au recueil est particulièrement forte. Elle est bâtie sur la superposition du passé et du présent dans les lieux que nous habitons. Des amis réunis pour une soirée évoquent avec ironie et incrédulité spiritisme et magnétisme. S'ils ne parviennent plus à ouvrir l'une des portes de leur appartement ce soir-là, est-ce l'effet d'une énergie laissée par l'un des patients de l'asile de fous qui s'y trouvait au 19eme siècle ? La nouvelle qui suit  fait au contraire surgir l'inquiétude à l'intérieur d'un monde tout à fait contemporain, comme en témoignent les troublants personnages d'agents immobiliers dont le rôle est ici central. Ce recueil est une intéressante expérience d'écriture, où les familiers de Max Alhau et Michel Lamart chercheront les traces de l'un et de l'autre dans l'imaginaire et dans l'écriture de ces onze nouvelles.

Cécile Oumhani 
(29/05/17)    



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160 pages - 15 €






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