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Sophie ADRIANSEN


Le syndrome de la vitre étoilée




Stéphanie et Guillaume vivent en couple depuis dix ans avec un équilibre assez harmonieux entre  leur travail réciproque et leurs amis. Puis vient le désir d'enfant. Autour d'eux, les amies de Stéphanie affichent déjà des ventres arrondis voire un ou deux marmots. Il paraît qu'un couple sur cinq rencontre des difficultés au moment de fonder une famille, cela serait-il tombé sur eux ? Combien de bouteilles éclusées, de pensées magiques pour conjurer le sort et cette foutue proportion ? Stéphanie et Guillaume consultent et le diagnostic tombe. Commence alors pour eux le difficile protocole de la Procréation Médicalement Assistée (PMA) avec les gestes de l'amour qui  s'organisent autour de ce but ultime tuant à petit feu leur sexualité et les sentiments. Stéphanie, la trentaine, finit par sentir qu'au nom de ce désir d'enfant qui a viré à l'obsession, ils sont en train tous deux de se détruire. A bout de déceptions, de souffrances et de dévalorisation, elle abdique, refuse son corps aux manipulations programmées et se libère de ses liens.

Alors le roman se métamorphose : de quête d’enfant, il devient quête de soi. Un parcours lent et difficile pour la jeune femme passée du foyer familial aux bras d'un mari de dix ans de plus qu'elle, aujourd'hui minée par son échec de  maternité, qui a perdu le peu de confiance qu'elle avait en elle-même. Mais, malgré ses doutes, l'artiste photographe ne rebrousse pas chemin. Un jour, grâce au conseil d'un collègue-amant, elle trouvera avec la pratique du yoga  le soutien apte à l'aider pour reprendre progressivement possession de son corps meurtri. Ses premier pas vers la réconciliation avec son être intime, physique et spirituel sur le chemin de son affirmation d'elle-même.

« La fin du conte : Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.
Alternative : Et à la fin, elle s’en sort. » 

La description de la course d'obstacles qui attend, atteint les couples rencontrant des difficultés à avoir des enfants, du regard social sur la femme pas encore mère, du couple une fois l'éblouissement de la découverte écorné, est percutante et émouvante. Mais c'est dans la deuxième partie que le livre prend toute son ampleur à mesure que Stéphanie grandit, prend place dans la vie et s'envole.

Une écriture décousue sous forme de journal intime où l'héroïne du récit, sa narratrice, nous parle d'elle, de ses sentiments et de ses réflexions.
De surprenantes citations d’œuvres en tout genre (littérature, cinéma, chanson, carnets roses de presse « people ») émaillent le texte venant à un moment précis en résonance avec ses propos.
Le style est actuel et direct, d'une belle simplicité et doté d'un humour que n'égale que la lucidité.

Si Le syndrome de la vitre étoilée interroge la femme et le couple sur ce qui fonde et ce à quoi renvoie ce désir de procréation de façon quasi universelle, ce  texte aborde au-delà, de façon subtile et profonde, la féminité sous tous ses angles, du corps à l'esprit, de l'adolescence à la maturité.
Les niveaux de lecture de cette  histoire de femme au parfum de liberté et de renaissance sont assez multiples et l'ouvrage assez original pour que tous puissent y trouver du plaisir voire enrichir leur propre réflexion. 

Dominique Baillon-Lalande 
(28/04/17)    



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Fleuve

(Août 2016)
352 pages - 19,50 €














Sophie Adriansen
née à Orléans en 1982,
a déjà publié une vingtaine de livres pour les adultes et la jeunesse.


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