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Frédérick TRISTAN
Il faut dire que son enfance n'a rien de très joyeux entre une mère "lointaine et sévère" et un père le plus souvent absent. Deux choses toutefois apportent de l'émotion dans sa solitude, les films projetés par le Père Munot le jeudi après-midi et les contes lus par Léonie debout dans la cuisine, le livre quasiment collé aux yeux car elle était une extrême myopie et se refusait à porter des lunettes. La mère, quant à elle, considérait les livres comme ses ennemis particuliers avec "leurs sales pages remplies d'idées nauséabondes", comme elle l'avait dit un jour avec rage. Une fois, son père rompt son silence habituel et lui permet de partager l'un des secrets de sa vie, une maison dans une vaste clairière au milieu de la forêt où il vient passer les journées à l'insu de sa femme. Le père emmène son fils au restaurant à Roanne où il est reçu comme un prince et ne regarde pas à la dépense et Paul découvre ainsi la double existence paternelle. Les personnages de ce roman ont tous leur complexité et nous découvrons
peu à peu les failles, les blessures, qui les amènent ainsi à
présenter au monde des visages bien différents. Pour échapper à l'atmosphère malsaine du foyer, il choisit
de suivre des études de droit et s'installe à Lyon mais la faculté
de droit le verra peu. Il préfère les cours de littérature
et de philosophie dispensés dans une autre université de la ville.
C'est là qu'il va pénétrer les arcanes du surréalisme
sous la direction du professeur Jean-Baptiste Hébrard. Mais ce Pygmalion littéraire présentera lui aussi un double visage en le jetant dans les bras d'une comédienne dont il ne peut ignorer la perversité. Heureusement, le jeune Paul se révèle d'une surprenante solidité, entièrement tourné vers ce destin artistique qu'il construit à tâtons. Les femmes jouent aussi un rôle non négligeable dans son parcours. Ses premiers émois, sa découverte du sexe, la rencontre de jeunes filles au comportement toujours mystérieux. Nathalie, Danièle, Jeanne, Natacha, sans oublier le souvenir de la belle Élisabeth qui a tant compté dans l'existence de son père Quant à l'argent, la famille n'en manque pas mais sa possession comme son usage donnent lieu à bien des mystères. Secret de famille, haines viscérales, combats et conflits transforment en nud de vipères mauriacien les relations entre les uns et les autres. Un roman fort, riche, dense, où les situations évoluent et rebondissent sans cesse, où les personnages se découvrent peu à peu, où nous suivons avec empathie le parcours hasardeux de Paul vers son idéal littéraire, le fil d'Ariane qu'il ne lâche jamais malgré le labyrinthe peuplé de masques et de fantômes qui le conduit de l'enfance à sa vie d'homme et d'écrivain. Serge Cabrol (19/09/13) |
Sommaire Lectures Le Passeur 480 pages - 22 €
Visiter le site de Frédérick Tristan : www.fredericktristan.com |
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