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Matthew STOKOE


Sauvagerie


Une plongée dans l’univers impitoyable d’Hollywood autour d’un scénario explosif qui a déjà coûté la vie à son auteur et pourrait bien occasionner encore quelques meurtres...

Le début de ce roman a un côté puzzle, on découvre les pièces peu à peu, les personnages, les relations qui les unissent aujourd’hui et celles qui les ont liées autrefois, à leur insu éventuellement, et les morceaux s’emboîtent, se complètent, et l’image commence à apparaître, on comprend quel va être l’enjeu de chacun, ce qu’ils ont à cacher ou à découvrir, et on tourne les pages avec de plus en plus d’avidité.

Tim, dont la sœur a été assassinée, vit avec Jocelyne qui écrit des scénarios « au même rythme frénétique que les cigarettes et les doses de caféine » mais « tous merdiques ». Et voilà que d’un seul coup, elle se met à en écrire un très bon. Écrire est un peu abusif parce que Tim découvre qu’elle recopie les feuillets qu’une autre femme lui fournit dans des circonstances assez spéciales...

Denning, qui a perdu sa femme dix ans plus tôt, s’est attaché de manière fusionnelle à sa fille, Peta, qui a maintenant vingt-huit ans et dont il supporte mal la liaison avec Kid, un ancien acteur de porno qui, à quarante ans, essaie de se recycler en producteur.

Tim et Denning, qui ne se connaissaient pas, vont se trouver mêlés, pour des raisons différentes, à la même histoire et vont devoir enquêter pour dénouer l’écheveau auquel ils sont confrontés.

Cet écheveau tourne autour d’une société de production, la PDC, et d’une société de distribution, Big Glass. Ceux qui gèrent ces entreprises ont bien des choses à se reprocher et pas très envie de les voir émerger de l’ombre où elles sont enfouies.

Tim a l’occasion de rencontrer Chick, une jeune femme intrépide, en colère contre l’image qu’Hollywood donne du cinéma. « Tous ces films à effets spéciaux, ces trucs d'action... Ils ne valent rien, mon pote. Ils sont vides parce qu'ils sont conçus par des gens vides. Des scénaristes qui n'ont jamais vécu, qui ne se préoccupent que de réussir leurs scènes clefs et de vendre leur camelote. Des réalisateurs tellement paumés qu'ils considèrent qu'un week-end de lancement à cinquante millions est un fiasco. L'art n'existe plus, mon pote. Ni le cinéma. » Elle défend bec et ongles un autre cinéma, réaliste, authentique, capable de retranscrire la vraie vie, comme le film qu’elle veut réaliser et que Kid a accepté de produire. Chick est un personnage haut en couleur, toujours à moto, balançant des cocktails Molotov sur des affiches, bombant des murs, dénonçant à leur femme des maris volages... 

On rencontre aussi la belle Dolorès, la star des films produits par PDC, censée être la seule à disposer d’un exemplaire du fameux scénario qui commence pourtant à circuler à son insu.
On croise aussi un duo diabolique, pervers et sadique, Ally et Jeffery Bannister, la sœur et le frère, qui ne cessent de se venger des souffrances subies dans leur enfance.
Et d’autres encore, une galerie bien fournie de personnages qui se trouvent tous, à un titre ou à un autre, concernés par ce scénario sorti de l’ombre.

Mais que contient-il donc de si important, ce scénario ? Suspense...
Le roman est bien construit, les personnages se dessinent et se croisent avec logique, les pièces du puzzle se mettent en place avec régularité de chapitre en chapitre. L’amour, la mort, la souffrance, la vengeance, la jalousie, l’auteur nous offre toute une palette d’émotions et de sentiments qui se télescopent dans un univers où l’argent et le pouvoir règnent en maîtres. La machine hollywoodienne est réputée pour produire du rêve mais parfois le rêve tourne au cauchemar...

Serge Cabrol 
(23/07/15)    



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Noir & polar







Gallimard / Série Noire

(Juin 2015)
384 pages - 23,50 €


Colony of Whores
Traduit de l'anglais
par
Antoine Chainas







Matthew Stokoe,
né en 1963 en Angleterre, vit maintenant en Australie. Sauvagerie est son troisième roman paru
en Série Noire.


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