Retour à l'accueil du site






Chantal PORTILLO


Que vaut la vie d’un homme ?



C’est un témoignage d’une poignante humanité que nous offre Chantal Portillo pour lutter contre l’oubli, pour donner vie et honorer un homme tchadien, Ibni Oumar Mahamat Saleh, mathématicien, homme de paix et de dialogue, qui s’est battu pour la liberté et  la démocratie dans son pays et qui en est mort sous la torture. Son corps n’a jamais été retrouvé. C’est un texte pour que cet homme intègre et courageux ne meure jamais comme il est écrit en exergue. Il a été arrêté en 2008 et depuis sa disparition sa famille, ses amis se mobilisent. Un parlementaire français, le député socialiste Gaétan Gorse, a interpelé le gouvernement français pour découvrir la vérité.

Valère Staraselski rappelle ce qu’Ibni a dit à sa femme et à ses enfants quand il se sentait menacé : « 173e sur 177 au classement des pays en fonction de leur développement humain, mon pays. Quarante-trois ans d'espérance de vie à la naissance, trois quarts d'analphabètes, le Sud et le Nord ennemis. Mon peuple. Qui est vraiment en danger ? ».

Ibni est venu étudier les mathématiques à Orléans où il a passé son doctorat puis il a obtenu un diplôme d’économie politique à Paris. Il a enseigné en France, en Algérie puis à l’Université de Niamey au Niger où il a été chef du département de mathématiques. Rentré au Tchad en 1985, il a enseigné à l’Université des Sciences exactes et appliquées de N’Djamena. Il a toujours milité et pendant un temps il a même été ministre avant de quitter le gouvernement.

Il a cru fermement à l’alternance politique par la voie des urnes, ce qu’il défendra jusqu’à sa disparition en février 2008.

Ce texte est un magnifique hommage au courage, à l’honnêteté et à l’intégrité d’un homme qui malgré le danger n’a jamais renoncé à défendre ses idées dans l’espoir que la démocratie s’installe dans son pays.

L’écriture très poétique et humaine de Chantal Portillo se déroule comme un hymne qui déploie sa musicalité. L’intensité de son admiration et de son amitié transparaît au fil des lignes : « J'ai le sentiment de t'avoir toujours connu dans cette familiarité avec ces êtres que nous avons la chance (et je me sens vraiment nantie, riche, immensément riche, d'avoir eu cette chance), de croiser un jour, un de ces êtres qui éclairent pour nous, et à jamais, le monde autrement et dans leur générosité naturelle nous donne le sentiment d'être de leur famille. Ces êtres qui nous dévoilent à la fois nos faiblesses et les potentialités que nous avons. Ces êtres qui ne nous font jamais honte de nos tares, mais soulignent ce que nous avons de mieux. Ces êtres qui nous font croire que nous aussi nous pouvons être beaux et éclairer un peu. Un tout petit peu. Un tout petit peu, Ibni. » 

Ibni voulait raconter sa vie et ses combats à Chantal pour qu’elle puisse graver avec ses mots la nécessité de la lutte et de l’espoir en un monde meilleur mais il a été arrêté avant qu’il ne puisse le faire. Chantal Portillo a senti l’urgence et le devoir de témoigner ce qui a généré ce texte si fort et émouvant qui souligne que le combat pour la démocratie est permanent et nécessaire. Les temps actuels nous le rappellent chaque jour.

Brigitte Aubonnet 
(08/04/15)    



Retour
Sommaire
Lectures









La passe du vent

130 pages - 13 €







Chantal Portillo,
art-thérapeute, est romancière, nouvelliste
et essayiste.




Découvrir sur notre site
d'autres livres
du même auteur :

Petite Punaise blanche

La croqueuse

Bilquis

Et que la nuit glisse
sur le bleu de ta jupe


Gandhi :
"Non à la violence"