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Chaque roman de Véronique Ovaldé est un voyage, un voyage dans une écriture qui lui est propre – alternance de phrases parfois très longues, déroulant les circonvolutions d'une argumentation ou les détails d'un dialogue, et de phrases très brèves avec un sens magnifique de la formule et de l'autodérision – mais aussi voyage dans la géographie de l'auteur reliant des contrées imaginaires à des lieux bien réels. C'est aussi un voyage dans le temps puisqu'il faut remonter dans l'enfance ou les générations précédentes pour comprendre le présent des personnages. L'héroïne de ce nouveau roman est Maria Cristina Väätonen, écrivain installé à Santa Monica en Californie, auteur d'un roman autobiographique, La vilaine sur, qui connaît un grand succès. Mais que fait cette Väätonen à Los Angeles ? D'où vient-elle ? Qui est-elle ? Comment est-elle devenue écrivain ? Pourquoi a-t-elle écrit La vilaine sur ? Comment a-t-elle réussi à publier son premier livre ? Qui a-t-elle rencontré ? Voilà ce que nous raconte Véronique Ovaldé au fil des chapitres. Le père de Maria Cristina, Liam Väätonen, est issu d'une famille
finlandaise qui a émigré au Nunavut, un territoire du Nord canadien.
Maria Cristina ne comprenait pas pourquoi ces Finlandais s'étaient
donné tant de mal pour trouver un endroit qui ressemblait autant à
celui qu'ils avaient quitté. Un endroit avec les mêmes sinistres
caractéristiques : froid polaire, voisinage clairsemé et animaux
anthropophages. En arrivant à Lapérouse, ce solide gaillard n'a pas de mal à
rencontrer une jeune fille qui désire l'épouser. C'est Marguerite
Richaumont, la fille d'un fabricant de papier, qui s'en empare la première
et lui donne deux filles dont il n'avait guère envie. Ce qui va sauver Maria Cristina, c'est son goût pour l'école et pour la lecture. Cette dernière passion, ça ne faisait pas un pli, l'entraînerait loin de Lapérouse, puisque les livres servent, comme on le sait, à s'émanciper des familles asphyxiantes. À seize ans, elle obtient une bourse pour une université américaine
et se retrouve à Los Angeles. Pas très motivée par les
études, elle n'a déjà qu'une idée : écrire.
Joanne, sa colocataire, a du mal à comprendre. Joanne lui demanda
tout de suite, Mais tu veux faire quoi dans la vie toi ? et Maria Cristina répondit,
Je veux écrire, et Joanne dit, Des poèmes, des chansons ? et Maria
Cristina dit, Des romans, je veux écrire des histoires, je veux écrire
des livres et Joanne dit, Tu ne peux pas écrire des livres, il ne t'est
encore rien arrivé. C'est alors qu'a lieu la rencontre avec un autre personnage clé du roman,
Rafael Claramunt, un auteur un peu oublié, devenu obèse, qui entretient
sa légende d'écrivain nobélisable, vit dans le luxe, disparaît
parfois sans prévenir... Un coup de téléphone va ramener Maria Cristina à Lapérouse bien des années plus tard. Un autre voyage... Tous les ingrédients d'un grand roman de Véronique Ovaldé sont réunis et il ne passera pas inaperçu dans cette rentrée littéraire comme dans le parcours de l'auteur. Les lieux, les personnages, les relations entre les uns et les autres, et la manière très personnelle dont tout cela est écrit, en font une fois encore, un grand bonheur de lecture. Serge Cabrol (05/09/13) |
Sommaire Lectures Editions de l'Olivier (Août 2013) 288 pages - 19,50 €
le précédent roman du même auteur : Des vies d'oiseaux |
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