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Olav est tueur à gages, un métier comme un autre pour celui qui avoue n'être apte à rien. Conducteur trop voyant, braqueur raté, trop mauvais en maths pour être recouvreur de dettes ou dealer, proxénète trop sensible au charme féminin, tuer sur ordre est le seul métier à sa mesure : « Je n’arrive pas à rouler lentement, je suis soft comme du beurre, je tombe bien trop facilement amoureux, je perds la tête quand je suis furieux, et je suis mauvais en maths. J’ai lu un ou deux trucs, mais j’en sais bien peu et en tout cas pas le genre de choses qui peuvent être utiles. Et j’écris plus lentement que ne se forme une stalactite. Alors à quoi diable un homme comme Daniel Hoffmann pouvait-il employer un homme comme moi ? La réponse est – comme vous l’aviez peut-être déjà déduit – expéditeur. » Juste avant Noël, alors que les températures battent des records de froid, Hoffmann lui confie la délicate mission de tuer une femme, la sienne. Il est prêt à multiplier le tarif habituel par cinq pour se débarrasser sans être inquiété de cette deuxième épouse qui a le mauvais goût de le tromper. Olav n'y voit aucun inconvénient. Elle ou un autre, qu'importe. Après avoir caché Corina pour la soustraire aux éventuelles représailles d'un mari furieux de la tournure prise par cette histoire, il se décide à passer du côté de l'ennemi pour parvenir à ses fins.
Si le court roman par sa forme, son scénario et sa construction est assez classique, il tire de sa brièveté une véritable intensité et de l'humour qui s'y loge une constante vivacité. Oslo sous la neige devient ici un lieu irréel, hors du temps, propice au dérapage et à la déraison. Dans ce décor écrasé par la blancheur et le silence où la ville semble endormie par le froid, les situations, les sentiments, les décisions et les plans ourdis par cet étrange tueur à gages, tout prend du relief, se décale, devient instable et fulgurant. Le lecteur, pris au dépourvu, se laisse avec angoisse embarquer dans les péripéties de ce naïf au grand cœur auquel l'expérience et le pragmatisme ont appris à aller toujours droit au but en fonction des circonstances, en espérant qu'il en sortira indemne. Du sang sur la glace est un polar bien troussé qui se lit d'une traite, avec ce qu'il faut de suspense, de surprises et d'humour. Mais c'est surtout un divertissement au héros diablement humain, entre violence et tendresse, qui provoque notre empathie et se trouve suffisamment « hors norme » pour y ajouter une dose de sel lui conférant une saveur singulière. Dominique Baillon-Lalande |
Sommaire Noir & polar Gallimard / Série Noire (Avril 2015) 160 pages - 14,90 € Folio Policier (Mars 2016) 176 pages - 6,50 € Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
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