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Isabelle MINIÈRE


Je suis très sensible


Une ambiance étonnante dans ce roman écrit du point de vue de Grégoire, un homme très gentil mais dont l’approche de la vie est décalée. En effet, Agathe sa compagne, professeur de philosophie,  se passionne pour son travail, pour la politique alors que Grégoire observe le monde comme de l’extérieur. Il prépare à manger, il cherche à lui faire plaisir avec les plats qu’elle aime, il écoute Agathe, il est toujours d’accord avec elle, il accepte que Vivien, lui aussi professeur de philosophie vienne souvent travailler avec Agathe. Grégoire n’a pas d’ambition pour son travail, il veut seulement bien faire ce que son patron attend de lui. Une vie bien ordonnée, il se couche tôt, il dort beaucoup…
Tout semble simple, immuable.

Deux évènements vont bouleverser ce calme apparent : la mort du président de la République et un film, Bêtes sauvages : « J'ai pensé aux enfants dans les Bêtes sauvages, ils pensaient passer du bon temps dans la nature, ils ne savaient pas qu'ils couraient un risque ; pourtant ce n'était pas difficile à deviner, avec ce lion en liberté. Mais bon, les enfants ne se rendent pas bien compte de la réalité, ils rigolent, ils jouent, ils s'amusent, ils ne voient pas le danger. »
 Grégoire est aussi naïf que les enfants, il ne voit pas venir le danger, ce qui donne de l’ampleur au roman.

Grégoire parle souvent de sa relation avec sa mère quand il était jeune et d’une voisine avec qui il a appris l’allemand. Sa mère l’a élevé seul d’un père inconnu, elle regrette à la fois d’avoir un enfant et d’y être attaché. Le passé s’invite dans le présent.

Un beau roman, très touchant, qui révèle un regard surprenant sur le monde où la confusion entre la fiction et la réalité est très bien rendue. Le point de vue de Grégoire, neutre et naïf, renforce le propos du roman :
« La vie, c'est comme une partie de cartes ; on part avec des cartes qu'on n'a pas piochées soi-même ; on n'a pas choisi de jouer non plus, mais il faut jouer quand même. Si on a du jeu, tant mieux.
Agathe dit que la vie c'est une succession de choix, qu'on choisit tous les jours, et qu'on est responsable de ses choix, donc de soi.
Elle le dit bien mieux que ça ; surtout c'est joli comme elle le dit, avec sa voix, presque trop douce, avec ses yeux curieux, avec ses bouclettes qui font la fête sur sa tête. C'est si joli que j'ai envie de dire oui, oui toujours on choisit. Oui mais... »
Et ce oui mais est parfaitement écrit par Isabelle Minière.

Brigitte Aubonnet 
(28/08/14)    



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Lectures








Serge Safran

(Août 2014)
170 pages - 14,50 €




Isabelle Minière,
a déjà publié une quinzaine de livres dont quatre
pour la jeunesse.


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