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Théo et Angela, un demi-siècle à eux deux, partagent la même révolte face à l'injustice, les inégalités, l'ultra-libéralisme et rêvent d'un monde différent. Fascinés par les guérillas historiques, la franco-colombienne reporter pour des blogs alternatifs et engagés dont le compagnon militant aux FARC a disparu il y a plusieurs mois et le jeune wallon, anarchiste enragé et entré de longue date dans la lutte qui, suite à un dérapage, a dû fuir son pays, se retrouvent au bord de la forêt tropicale, espérant rejoindre les factions armées rebelles. Lui espère apprendre aux côtés des combattants et trouver « une piste de révolte qui soit exportable en Europe. » Elle souhaite rejoindre le disparu par la lutte et peut-être en retrouver la trace. C'est grâce à la complicité d'un de ces prêtres localement à l’œuvre au plus prêt des populations et proches de la guérilla, qu'ils atteindront la zone active des combats. Le curé les a tout de même prévenus : l'entreprise est de plus en plus risquée. Sur place les effectifs se sont considérablement réduits, les armes, l'équipement et les vivres manquent, les combattants de plus en plus jeunes se transforment parfois en vraies machines à tuer. Les FARC ne peuvent plus se payer le luxe d’une guerre « propre » et dans ce triangle infernal (révolutionnaires - armée régulière - paramilitaires à la solde des grands propriétaires terriens) la pratique des exécutions sommaires, des rançons et des détentions arbitraires devient fréquente. Joaquin, le vieux commandant du camp, après les avoir testés et avec beaucoup d'hésitation accepte finalement de les intégrer. Angela est expédiée dans un autre camp et Théo envoyé en formation avec le groupe des jeunes « singes ». Une cohabitation fraternelle s'instaure vite entre eux. Il reste alors un bon tiers du livre à découvrir mais je n'irai pas plus avant dans le pitch de ce roman qui se lit au-delà de son aspect documentaire comme un vrai roman d'aventures où une histoire d'amour vient de surcroît se nicher, pour ne pas vous gâcher le plaisir des rebondissements successifs qui le nourrissent. Cette nature sauvage et envoûtante décrite avec passion par l'auteur qui la connaît bien, sert l'aventure aussi surement que la face romantique de la révolution le fait avec l'histoire d'amour. Mais cette forme romanesque assez classique et ici parfaitement maîtrisée n'est que le premier plan derrière lequel se cache une réflexion sérieuse sur notre société capitaliste malade qui pousse la jeune génération rejetée en marge à vouloir la changer et à ne considérer ce changement possible que de façon violente et radicale. La démarche de Théo et Angela rêvant d'un monde meilleur à travers la guérilla colombienne n'est pas sans faire écho à celle de ces jeunes qui s'engagent dans les rangs des djihadistes, passant par les armes et le terrorisme pour défendre leurs valeurs. Il en ressort un portrait sans concession, cruel parfois, empathique souvent, respectueux toujours, de cette guerre civile doublée de trafics mafieux dans ce cadre à la beauté luxuriante pour lequel l'auteur ne cache pas sa passion. Comme l'auteur le fait dire à son narrateur Théo : Et comme le dit l'auteur dans une interview pour « Le soir » : « tout est toujours possible, le choix est entre nos mains. » Dominique Baillon-Lalande (20/07/16) |
Sommaire Lectures Luce Wilquin (Janvier 2016) 224 pages – 20 €
Visiter le site de l'auteur : http://alainlallemand.be/ Découvrir sur notre site un autre roman du même auteur : Ma plus belle déclaration de guerre |
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